Une poignée de collaborateurs belges du régime nazi perçoivent toujours une pension de retraite versée par l'Allemagne, une situation effarante pour les députés d'outre-Quiévrain, qui réclament la fin de ces versements. "La Chambre des représentants demande au gouvernement (…) de plaider auprès du gouvernement fédéral allemand la fin du régime des pensions accordées aux collaborateurs belges", écrivent les élus dans un texte adopté mardi.
Un décret de 1941 jamais abrogé. Ces pensions sont versées chaque mois en vertu d'un décret pris par Adolf Hitler en 1941, qui accorde aux Belges collaborateurs les mêmes droits que les Allemands, en échange de leur loyauté. Et ce décret de 1941 n'a jamais été abrogé : ainsi, une vingtaine de survivants touche chaque mois des centaines d'euros de retraite complémentaire, versés par l'Allemagne d'Angela Merkel. L'association "Mémoire-Herinnering", qui a mis le sujet sur le devant de la scène belge, estime même que certains collaborateurs nazis du pays ont pu toucher un salaire plusieurs années après la fin de la guerre, ainsi qu'une retraite de base.
Le nombre de Belges concernés inconnu. Les autorités belges ne connaissent pas le nombre exact de personnes qui ont pu bénéficier de ces pensions et encore moins leurs noms : l'Allemagne verse directement l'argent et n'a jamais communiqué la liste. Selon le ministère allemand du Travail, "18 personnes percevaient encore ces prestations en Belgique en février 2019". Lors d'une audition devant la Chambre des représentants en 2017, l'ambassadeur d'Allemagne en Belgique à l'époque, Rüdiger Lüdeking, avait affirmé que le montant de la pension s'élevait à environ 385 euros, de l'argent versé par Berlin qui échappe donc totalement au fisc belge.
Pour une justice fiscale et mémorielle. Les députés belges relèvent dans leur résolution mardi "l'injustice subie par les victimes du nazisme, qui ne reçoivent pas d'allocations, alors que les collaborateurs belges perçoivent une pension" nette d'impôts. Ils demandent aux deux gouvernements de clarifier la situation et de rétablir une justice fiscale et mémorielle, plus conforme aux engagement moraux des deux pays. L'octroi de ces pensions "pour la collaboration à un des régimes les plus meurtriers de l'Histoire" entre en contradiction "avec le travail de mémoire et le projet de paix" portés par l'Europe, estiment-ils.