Dans quel état Donald Trump laisse-t-il l'économie américaine à Joe Biden ?

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Nicolas Barré et Emmanuel Duteil, édité par Margaux Lannuzel
Joe Biden, qui succède officiellement à Donald Trump à la Maison-Blanche, mercredi, a déjà annoncé les contours d'un vaste plan de soutien à l'activité économique américaine… Qui se porte plutôt bien malgré la crise du coronavirus, notamment grâce à des atouts structurels.
ANALYSE

Dans quel état Joe Biden va-t-il trouver les Etats-Unis, en succédant officiellement à Donald Trump, mercredi ? Sur le plan économique en tous cas, les perspectives du nouveau président américain s'annoncent plutôt encourageantes. En entrant à la Maison-Blanche, il héritera d'une économie nationale en forme malgré la crise du coronavirus, dans un contexte de reprise mondiale - la croissance devrait être de 4% en 2021. 

Une économie en forme, mais des inégalités accrues

Car avant le Covid-19, les Etats-Unis se portaient bien, avec un chômage au plus bas depuis des décennies et une économie stimulée par des baisses d’impôt massives. L’impôt sur les sociétés, notamment, avait été ramené de 35 à 21% par Donald Trump. Parallèlement, le président avait engagé un gigantesque plan de dépenses d’infrastructures, voté à la mi-2019, un an avant la crise sanitaire, et qui prévoyait 2.000 milliards de dollars d’investissements dans les routes, les ponts et diverses infrastructures.

Beaucoup d’observateurs de la vie politique américaine estiment donc que sans sa gestion catastrophique de la crise sanitaire, Donald Trump aurait été réélu grâce à la bonne santé de l’économie américaine. Mais cette résilience comporte une part sombre : le Bureau du recensement a publié en décembre une étude glaçante, montrant qu’un adulte américain sur huit avait souffert de faim au moins une fois dans la semaine précédente.

Le plan de relance que Joe Biden va donc présenter au Congrès pour soutenir l'économie américaine, à hauteur de 1.900 milliards de dollars - soit 10% du PIB national, prévoit un accroissement des aides sous forme de chèques à ces ménages en difficulté. Et ce plan s'inscrira dans un contexte de rebond bien plus rapide qu'en Europe. La banque centrale américaine prévoit un taux de chômage de seulement 5% cette année, et 4,2% l’an prochain soit un quasi-plein emploi.

Les GAFA, instrument de puissance considérable

Si elle s'en sort mieux, c'est aussi parce que l’économie américaine dispose de beaucoup d’atouts. Les États-Unis sont auto-suffisants en énergies fossiles - ils exportent même du pétrole et du gaz. Le secteur de la Tech, avec les GAFA et tout l’écosystème qui les entoure, est plus fort que jamais. Et l’administration Biden, comme celle de Barack Obama, y voit un instrument de puissance - Trump était plus critique à l’égard des géants du numérique. 

Enfin depuis la crise de 2008, la puissance de la finance américaine s’est considérablement accrue et les grandes banques de Wall Street dominent la finance mondiale. C’est un autre atout que l’on mesure souvent mal en Europe, mais qui procure aux États-Unis un avantage comparatif important. En dépit de la concurrence chinoise, la première économie du monde a donc encore de puissants atouts pour tenir son rang.

A quoi s'attendre du côté européen ? 

En Europe et notamment en France, on espère des relations plus simples sur le plan commercial, après des années empoisonnées par des taxes en tous genres - celles sur le vin ont encore été renforcées ces derniers jours. 

Là où les Etats-Unis menaçaient même de taxer les célèbres marques de luxe de l'Hexagone en réponse à la taxe française sur les géants américains du numérique, les premières déclarations de la future secrétaire au Trésor - autrement dit, la ministre de l'Economie - américaine semblent rassurantes : elle s'est dite favorable à une taxe des GAFA au niveau mondial.