L'état d'urgence est décrété "sur l'ensemble du territoire malien" pour une durée de dix jours à compter de la nuit de vendredi à samedi, a annoncé le gouvernement à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaires quelques heures après une attaque avec prise d'otages meurtrière à Bamako. "Nous recherchons activement trois suspects qui pourraient être impliqués dans l'attaque vendredi de l'hôtel Radisson", a par ailleurs indiqué une source de sécurité malienne qui participe à l'enquête.
21 morts. Dans un discours à la Nation diffusé par la télévision publique dans la nuit de vendredi à samedi, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a fait état d'un bilan de 21 morts (dont deux assaillants) et sept blessés. "Le terrorisme ne passera pas", a-t-il assuré. L'attaque a été revendiquée par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune, proche d'Al-Qaïda, et dirigé par l'Algérien Mokhtar Belmokhtar. L'ancien chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, dont la tête est mise à prix 23 millions de dollars aux Etats-Unis, est notamment connu pour avoir revendiqué la prise d'otages sanglante du complexe gazier d'In Amenas en Algérie, en janvier dernier.
Pas de Français tués selon un bilan provisoire. Parmi les morts, il y a au moins 13 étrangers, selon la présidence malienne qui a annoncé samedi un bilan provisoire. Six Russes, trois Chinois, deux Belges, une Américaine et un Sénégalais figurent parmi les victimes. Vendredi soir, le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian a déclaré que, "à cet instant, il n'y aurait pas de Français" parmi les personnes mortes. Mais le ministre a aussi appelé à la prudence puisqu'il restait des victimes à identifier. Plusieurs Français se trouvaient dans l'hôtel lorsqu'il a été attaqué. "Il y a des touristes et des responsables d'entreprises de nombreuses nationalités", avait déclaré François Hollande lors d'une rencontre sur la Cop 21. "Je demande à nos ressortissants dans des pays sensibles de prendre leurs précautions", avait-t-il ajouté. La compagnie aérienne Air France avait par ailleurs précisé que douze de ses employés étaient dans l'hôtel, assurant que "la totalité de l'équipage Air France est maintenant en lieu sûr". Plusieurs vols à destination de Bamako ont été annulés.
Deuil national. Une réunion extraordinaire du Conseil des ministres, présidée par le chef de l'Etat Ibrahim Boubacar Keïta jusque tard vendredi soir, "a déclaré l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire national à compter du 20 novembre à minuit (nuit de vendredi à samedi, NDLR) pour une durée de dix jours", indique le gouvernement dans un communiqué lu à la radio nationale malienne ORTM. Il a aussi institué "un deuil national de trois jours" dans le pays à compter de lundi, selon le même texte.
Le Mali est encore en guerre. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée. Ils y ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre, puis à partir de juin au sud du pays.