L'annonce a fait polémique au sein de la communauté internationale. Karim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), demande des mandats d'arrêt contre trois dirigeants du Hamas, mais également contre Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense. Une décision qui cherche avant tout à décupler l'influence de l'organisme.
Un visage paradoxal
Il faut dire que Karim Khan, Britannique de 54 ans, fils d'un médecin pakistanais, a fait ses classes dans le bureau du procureur des tribunaux pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda. Une passion pour le droit international qui lui viendrait, dit-il, de sa foi de musulman Ahmadi, un courant de l'islam victime de persécutions. Un héritage qui a poussé Karim Khan à se mettre avec passion du côté des victimes, affirme-t-il régulièrement à la presse.
Mais paradoxalement, l'homme est aussi un habitué de l'autre côté, celui de la défense des criminels. Et pas des moindres puisque parmi ses clients les plus célèbres, on peut retrouver Saïf al-Islam, le fils de Mouammar Kadhafi, toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI. Un curieux mélange des genres. Mais dans une interview à CNN, le procureur se défend de toute décision partisane.
Un potentiel cessez-le-feu à Gaza mise à mal par la demande de mandat d'arrêt ?
"Nous essayons de ne pas nous laisser emporter par nos émotions, mais de prendre notre temps en suivant les preuves. Personne n'est au-dessus de la loi", insiste-t-il. La requête de mandat est pourtant allée très vite, à peine sept mois après l'attaque du Hamas et le début de la riposte israélienne. Le procureur de la CPI devait d'ailleurs se rend dans l'État hébreu pour enquêter. Mais il a sans doute voulu faire un coup d'éclat et prouver au monde que la Cour pénale internationale sert à quelque chose, provoquant une suite de félicitations et d'indignation.
Ainsi, les États-Unis ont dénoncé une demande de mandat d'arrêt scandaleuse qui pourrait "mettre à mal les pourparlers en cours pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza", selon le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.