"Nous défendons la liberté de la presse", "la presse libre ne se taira pas". C'est ce qu'on pouvait lire sur les banderoles des centaines de manifestants réunis devant le siège du journal Cumhuriyet à Istanbul pour exiger la libération de deux de ses journalistes.
En prison, pour "terrorisme", "espionnage" et "divulgation de secret d'Etat". Les journalistes Can Dündar et Erdem Gül, avaient été inculpés jeudi pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le régime du président Recep Tayyip Erdogan aux rebelles syriens. Le gouvernement turc a toujours nié ce soutien et répété que le convoi intercepté contenait de "l'aide" pour les populations turcophones de Syrie.
Une incarcération que Kemal Kiliçdaroglu, chef du principal parti d'opposition (le Parti républicain du peuple),a qualifié dimanche de "tâche noire dans l'histoire de la presse".
Un message adressé à l'Union européenne. Samedi, Can Dündar et Erdem Gül ont écrit depuis leur prison pour exhorter les dirigeants de l'Union européenne à exiger de la Turquie le respect de la liberté de la presse avant de signer un accord avec elle sur les migrants. Un sommet sur ce dossier réunit Bruxelles et Ankara dimanche. Vendredi, l'UE indiquait suivre "de près" cette "situation inquiétante".
Au pouvoir depuis treize ans, le parti du président Erdogan est régulièrement pointé du doigt pour ses nombreuses pressions sur les médias.