Sept personnes, dont une journaliste, ont été interpellées mardi après leur "introduction" dans les locaux à Paris d'une entreprise "chargée notamment de fabriquer des puces intégrées dans les drones israéliens à destination de la Palestine", selon le parquet. Elles ont été placées en garde à vue "pour des faits de participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et dégradations volontaires en réunion, à la suite de l'introduction sur le site de l'entreprise Exxelia", dans le XIe arrondissement, selon le parquet, sollicité par l'AFP après que le média Blast a annoncé l'interpellation d'une de ses journalistes.
"Dans le cadre d'une enquête sur les ventes d'armes en Israël, notre reporter couvrait une manifestation menée au siège de l'entreprise d'armement Exxelia, visée par une plainte pour complicité de crimes de guerre et homicide", a annoncé en début de soirée Blast, sur X. Le média a ensuite fait part de sa "stupeur" d'apprendre "la prolongation" de la garde à vue de sa journaliste "suite à son refus de communiquer les codes de son téléphone, saisi par les policiers, afin de protéger ses sources".
Le média dénonce "une atteinte grave et injustifiable à la liberté d'informer" et demande "sa libération immédiate". L'ONG Reporters sans frontières a pointé "un risque d'atteinte au secret des sources" et a exigé également sa libération. Le parquet a confirmé que le nom de cette journaliste figurait parmi les personnes en garde à vue. Sollicité par l'AFP, l'avocat de la journaliste n'a pas souhaité s'exprimer à ce stade.
Gardes à vue prolongées
D'après le parquet, "le portail étant déjà dégradé (à cause) d'un précédent attroupement", les manifestants "ont réussi à s'introduire dans le site de l'entreprise et ont causé des dégradations et des tags dans les parties communes". Leurs gardes à vue ont été prolongées mardi soir. Le 17 juillet 2014, trois enfants avaient été tués et deux autres grièvement blessés à Gaza par un missile israélien.
A la suite de plaintes, une information judiciaire a été ouverte à Paris en 2018 visant à établir la responsabilité éventuelle d'Exxelia, fabricant de composants électroniques à usage civil et militaire, accusé par les victimes de complicité de crimes de guerre. Dans les débris avait été retrouvé un capteur fabriqué, selon des expertises, par l'entreprise française Eurofarad - rachetée en 2015 par Exxelia Technologies -, et vendu à la société israélienne Rafael.