Vers minuit, dans la nuit de vendredi à samedi, des affrontements entre manifestants et policiers ont éclaté dans un quartier reculé, au pied d'une montagne, de la ville d'Imzouren, au Maroc. Les échauffourées ont débuté alors que les forces de l'ordre avaient quadrillé le centre de la localité et empêché les contestataires de se rassembler, ont affirmé des activistes locaux.
Dans l'obscurité, des dizaines de jeunes au visage cagoulé ont lancé des pierres aux forces anti-émeutes, qui ont notamment tiré des grenades lacrymogènes. Ces violences, dont on ignore le bilan, ont cessé vers 2 heures alors qu'une cinquantaine de véhicules de police étaient déployés dans toute la ville.
Il y a une semaine, des violences avaient déjà opposé policiers et manifestants dans cette petite localité du Rif, située à une quinzaine de kilomètres au sud-est d'Al-Hoceïma. Al-Hoceïma est l'épicentre du "hirak" (la mouvance), le mouvement populaire qui revendique depuis des mois le développement du Rif, une région qu'il juge "marginalisée".
Quelque 1.000 à 2.000 personnes, principalement des jeunes et des femmes accompagnées parfois d'enfants, se sont rassemblées pacifiquement vendredi soir dans le quartier Sidi Abed à Al-Hoceïma. Encadrés par un important dispositif policier, les manifestants ont réclamé la libération des activistes récemment arrêtés, dont le chef du mouvement Nasser Zefzafi, interpellé le 29 mai et accusé aujourd'hui "d'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat". Ce rassemblement s'est terminé peu avant minuit, avec le nettoyage des lieux par les participants.
Depuis fin mai et l'arrestation des principaux meneurs du "hirak", les manifestations -qui ont lieu de nuit pour cause de ramadan- sont quotidiennes à Al-Hoceïma et Imzouren et se déroulent la plupart du temps sans incidents.