Le feuilleton judiciaire prend fin. La justice marocaine a décidé lundi de remettre en liberté les deux hommes condamnés pour homosexualité à l'issue de procès qui se sont tenus sur fond de polémique, dans un pays où l'homosexualité est considérée comme un délit et passible de prison.
Jugés pour "déviance sexuelle". Les faits jugés remontent au 9 mars lorsque plusieurs jeunes gens avaient fait irruption dans un appartement de Beni Mellal et agressé deux homosexuels, dont l'un a été arrêté le jour même et le second le 25 mars, de même que leurs agresseurs. Le 15 mars, la justice avait condamné la victime arrêtée le 9 mars à quatre mois de prison ferme pour "actes sexuels contre-nature", l'équivalent d'homosexualité au Maroc. Lundi, la cour d'appel de Beni Mellal, dans le centre du pays, a décidé de le relâcher après 26 jours passés en prison. Parallèlement, la tribunal de première instance de Beni Mellal a condamné à 4 mois de prison avec sursis la seconde victime, jugée pour "déviance sexuelle".
Les habitants réclament la libération des agresseurs. Leurs agresseurs étaient également jugés en première instance pour "entrée par effraction, de recours à la violence et de port d'armes". Un des agresseurs a écopé de six mois de prison ferme et un autre de quatre mois ferme tandis que deux autres ont été relaxés. Un cinquième devait comparaître mercredi devant un tribunal pour mineurs. Des proches des agresseurs ont dénoncé une "injustice" lundi après la lecture du verdict. Des habitants de la ville s'étaient encore rassemblés devant le tribunal durant l'audience pour réclamer leur libération.
Deux Femen françaises arrêtées et expulsées. Le 25 mars, une vidéo diffusée sur YouTube montrait les deux hommes dénudés, le visage en sang, se faire violemment agresser avant d'être traînés dans la rue. La violence de cette agression homophobe et le procès intenté aux deux victimes ont soulevé un tollé dans une partie du milieu associatif marocain, qui réclame l'abrogation de l'article 489 du code pénal. Cet article criminalise "les actes licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe". Deux militantes françaises des Femen, qui réclame la libération des personnes "emprisonnées du fait de leur simple orientation sexuelle", ont par ailleurs été interpellées puis expulsées du Maroc pour avoir protesté contre la pénalisation de l'homosexualité devant le tribunal.