Quelques centaines de personnes ont manifesté dimanche soir, pour la troisième nuit consécutive mais cette fois sans incident, dans la ville d'Al-Hoceïma, dans le nord du Maroc.
"Nous sommes tous Zefzafi". Aux cris de "État corrompu", "Dignité" ou "Nous sommes tous Zefzafi" (le leader de la contestation actuellement en fuite et recherché par la justice), des groupes de jeunes se sont rassemblés dans au moins deux quartiers pour tenter d'aller manifester vers la grande place du centre-ville.
Ils ont été bloqués par les cordons des forces de l'ordre et après environ une heure de face-à-face sur le boulevard Tarik Ibnou Ziad, policiers et 200 à 300 jeunes se sont dispersés sans affrontement.
"Les policiers sont partout". "On ne peut pas faire un pas, les policiers sont partout", a déclaré par téléphone un militant associatif, qui a fait état du même scénario, avec un moindre nombre de contestataires, dans un autre quartier de la ville.
Selon ce même militant, une manifestation rassemblant quelques centaines de personnes s'est déroulée, là aussi sans incident, dans la ville voisine d'Imzouren, à 18 kms d'Hoceïma.
Six mois de contestation. Des rassemblements de "solidarité" ont été également signalés à Nador et Tanger, deux villes du nord du pays, ainsi qu'à Casablanca et Rabat où selon un participant environ 300 personnes ont été dénombrées dans la capitale.
Dans le Rif (nord), la province d'Al-Hoceïma est secouée depuis six mois par une mouvement de contestation populaire pour exiger le développement de la région.
Zefzafi accusé d'avoir interrompu un prêche. Défiant le "maghzen" (pouvoir) depuis des mois par ses harangues enflammées, Nasser Zefzafi, le leader de ce mouvement est recherché depuis vendredi soir par la justice pour avoir interrompu le prêche d'un imam dans une mosquée de la ville.
Des manifestations nocturnes (pour cause de ramadan) ont eu lieu vendredi et samedi à Al-Hoceïma et dans d'autres localités de la province, avec à chaque fois des incidents violents entre manifestants et policiers.
"Atteinte à la sécurité intérieure". En trois jours, la police a procédé à 22 arrestations, selon un dernier bilan officiel, visant le noyau dur des militants de ce mouvement baptisé "hirak" (la mouvance). Ils sont accusés notamment "d'atteinte à la sécurité intérieure", "d'incitation à commettre des délits et des crimes, d'humiliation de fonctionnaires publics" et "d'hostilité envers les symboles".
C'est la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) qui est chargée de l'enquête, et plusieurs des interpellés ont été transférés au siège de cette unité à Casablanca, a indiqué le parquet à Al-Hoceïma. Ce sont soixante-dix personnes qui ont été arrêtées par la police depuis vendredi, a affirmé pour sa part l'avocat Abdessadek El Bouchtaoui.
37 arrestations samedi. "Il y a 37 arrestation pour la seule journée de samedi", a déclaré Me Bouchtaoui, venu porter assistance aux familles rassemblées dimanche devant le principal commissariat d'Al-Hoceïma pour avoir des nouvelles de leurs proches. "21 personnes ont été transférées à Casablanca, les autres sont encore ici, à Al-Hoceïma", a-t-il précisé, disant craindre les conséquences "de cette approche répressive".