Les choses sont devenues "amicales" entre Manille et Pékin après des années de crispation autour d'un récif disputé de mer de Chine méridionale, a affirmé lundi un conseiller du président philippin Rodrigo Duterte.
"Nos pêcheurs ne seront plus harcelés". L'avocat populiste de 71 ans, au pouvoir depuis fin juin, a profité de son premier voyage officiel en Chine, il y a quelques jours, pour forger un compromis avec son puissant homologue chinois Xi Jinping, a affirmé le conseiller à la sécurité nationale des Philippines, Hermogenes Esperon. Première conséquence, a-t-il expliqué, les Philippins qui se sont rendus ces derniers jours dans le secteur disputé du récif de Scraborough ont pu pêcher sans en être empêchés par les navires chinois patrouillant alentour.
"Il n'y a pas d'accord", a déclaré à la presse Hermogenes Esperon. "Mais notre président pense que nos pêcheurs ne seront plus harcelés parce qu'il a soulevé le problème" pendant sa visite en Chine. "Les garde-côtes chinois sont là-bas, mais leur marine est partie. Et désormais, nos pêcheurs ne seront plus abordés ou expulsés. Donc nous pouvons dire que les choses sont désormais amicales", a-t-il ajouté.
La Chine déclare "avoir pris ses dispositions". De son côté, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a concédé une évolution. "La partie chinoise a continuellement exercé son contrôle normal sur l'île Huangyan et la situation n'a pas changé", a déclaré la porte-parole en citant le nom chinois du récif de Scarborough. "Les relations entre la Chine et les Philippines se sont considérablement améliorée et dans ce contexte, la Chine a d'ores et déjà pris ses dispositions concernant certaines questions qui préoccupaient le président Duterte".
Un rocher accaparé par les Chinois en 2012. Scarborough se trouve à 230 kilomètres de Luzon, l'île principale des Philippines, et des générations de pêcheurs philippins y ont jeté leurs filets. Le récif est situé à 650 km de l'île de Hainan, la masse terrestre chinoise la plus proche. En 2012, la Chine a pris le contrôle de cet atoll, qui sert également d'abri par mauvais temps, après que les marines des deux pays se furent brièvement toisées. Depuis lors, les bateaux de pêche non chinois qui s'approchaient de la bouche du lagon étaient accueillis à grands coups de corne de brume par un navire chinois amarré à l'intérieur. Ceux qui refusaient de partir prenaient le risque d'être arrosés au canon à eau, voire d'être percutés, selon les Philippins.