Devant leur écran de télévision, les téléspectateurs de WDBJ-7, une chaîne locale de l'Etat de Virginie, aux Etats-Unis, ont vécu l'horreur en direct mercredi matin. A l'image, une journaliste de la chaîne interviewe en "live" une représentante de la chambre de commerce locale. Puis soudain : plusieurs coups de feu retentissent. L'image se trouble, la bande-son est transpercée par les cris d'effroi de la reporter. Alison Parker et son caméraman, Adam Ward, âgés de 24 et 27 ans, sont abattus sur place. Très vite, les enquêteurs identifient le suspect : Vester Lee Flanagan, un ancien journaliste de la chaîne.
Que sait-on de cet homme ? Quels sont les premiers éléments pouvant expliquer cette folie meurtrière ? Europe 1 fait le point.
Un journaliste évincé en 2013. Vester Lee Flanagan est bien connu des téléspectateurs fidèles de WDBJ-7 : sous le pseudonyme de Bryce Williams, il a travaillé pendant environ un an comme journaliste sur la petite chaîne de Virginie.
Mais en 2013, le reporter et présentateur est licencié pour un motif que l'on ignore. "Nous avons eu à nous séparer de lui" expliquait simplement mercredi le directeur général de la chaîne, Jeff Marks.
La rancœur et des soupçons de racisme comme mobile ? Il semble le journaliste afro-américain se soit forgé sa propre conviction quant à ce limogeage. Une thèse exposée sur Twitter, peu après la fusillade de mercredi, en pleine chasse à l'homme, sur le compte @bryce_williams7, attribué au suspect et rapidement suspendu.
Selon ses déclarations, le cameraman tué mercredi, s'était à l'époque plaint de lui auprès du service des ressources humaines de WDBJ-7. Un "caftage" qui aurait entraîné son licenciement. Quant à Alison Parker, la reporter abattue, elle aurait été embauchée dans la foulée de cette éviction, toujours selon ses déclarations sur le réseau social. Une jeune femme qu'il accuse également d'avoir tenu des propos racistes. Et c'est tout. Le dernier message posté sur ce profil fait froid dans le dos : "j'ai filmé la tuerie, regardez sur Facebook".
Il filme et partage les vidéos de son acte. De son passage sur les plateaux de télévision, Vester Lee Flanagan, le journaliste déçu devenu tueur présumé, semble avoir gardé le "sens de l'actualité". Le suspect a mis en scène ses crimes en offrant le contre-champ de la tuerie : il a lui-même filmé la scène avant de diffuser deux vidéos sur ses comptes Twitter et Facebook. Sur ces images qu'Europe 1 a pu consulter, on peut voir l'utilisateur du compte @bryce_williams7 brandir un pistolet visant la journaliste sans que personne ne le remarque, avant d'abaisser sa caméra puis de tirer en sa direction.
La traque se termine sur autoroute. Mercredi, la chasse à l'homme, comme les Etats-Unis en ont le secret, battait son plein. Un premier communiqué de la police d'Etat rapportait que le suspect avait été aperçu dans une Ford Mustang grise de 2009. Un véhicule retrouvé abandonné.
La traque a finalement pris fin sur une autoroute. Repéré au volant d'une voiture, l'homme refuse de s'arrêter et accélère. Puis quelques minutes plus tard, le véhicule s'écrase en sortant de route. Vester Lee Flanagan y est découvert blessé par balle. Transporté à l'hôpital dans un état critique, l'homme succombe à ses blessures peu de temps après.
Un journaliste déçu qui s'est donc assuré de gagner du temps d'antenne, de la plus sordide des manières. La chaîne d'information ABC News a révélé mercredi avoir reçu par fax un texte de revendication long de 23 pages, signées "Bryce William".