Une quinzaine de migrants aperçus sur un canot pneumatique en détresse étaient portés disparus, samedi, après une opération de la marine italienne dans les eaux libyennes, mais des rescapés évoquent un bilan bien plus lourd. Trois rescapés du naufrage ont ainsi déclaré que 120 personnes se trouvaient à bord du canot lorsqu'ils sont partis de Libye et qu'"il y aurait donc 117 disparus, dont dix femmes et un bébé de 10 mois", indique samedi sur Twitter l'Organisation internationale sur les migrations (OIM).
According to survivors #migrants on board were 120. There are therefore 117 missing people including 10 women and 2 children (one was just 2 months old). Many of the #migrants on board were western Africans,but survivors say that there were also abt 40 Sudanese on board https://t.co/3untHhJgWK
— Flavio Di Giacomo (@fladig) 19 janvier 2019
Venus du Nigeria, du Cameroun et du Soudan. Ils provenaient surtout du Nigeria, du Cameroun, de Gambie, de Côte d'Ivoire et du Soudan, selon l'OIM. Les trois survivants, traumatisés et en état de choc mais en bonne santé, ont raconté être restés dans l'eau environ trois heures avant d'être secourus, assistant à la tragédie. Un hélicoptère de la marine italienne intervenant vendredi dans la zone se secours et de recherche libyenne (SAR) a récupéré trois naufragés, "un dans l'eau et deux autres à bord de canots de sauvetage lancés précédemment par un avion de l'armée de l'air", a expliqué l'amiral italien Fabio Agostini.
Des rescapés en état d'hypothermie. L'équipage de l'avion italien, en vol dans le cadre de l'opération de surveillance maritime "Mare Sicuro" avait aperçu un peu plus tôt un canot en détresse avec une vingtaine de personnes à bord", a précisé l'amiral dans un entretien à la télévision italienne diffusé sur le compte Twitter de la Marine. Les trois naufragés récupérés, en état d'hypothermie, ont été transportés en hélicoptère vers l'hôpital de l'île sicilienne de Lampedusa alors que trois corps "qui ne montraient pas de signe de vie ont été aperçus dans l'eau pendant l'opération", a ajouté l'amiral. L'opération a été coordonnée par les autorités de Tripoli qui ont dérouté sur les lieux un navire de commerce libyen. Celui-ci "a effectué des recherche sans trouver aucune trace du canot pneumatique", ont précisé les gardes-côtes italiens samedi dans un communiqué.
"Tragédie". "On ne peut pas permettre que la tragédie en Méditerranée continue", a déclaré samedi dans un communiqué Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) à propos de ce drame. Le UNHCR évoque également un autre naufrage survenu en mer d'Alboran (entre Espagne et Maroc) dans lequel 53 personnes auraient trouvé la mort. L'organisation onusienne précise toutefois qu'elle n'a "pas été en mesure de vérifier les nombres de victimes pour les deux naufrages". Par ailleurs, l'ONG allemande Sea Watch a annoncé samedi avoir secouru 47 migrants à bord d'un canot en difficulté. "Tous sont sains et saufs et nous prenons soin d'eux", a déclaré sur Twitter l'ONG, précisant avoir été avertie par la permanence Alarm Phone, qui reçoit les appels de bateaux en difficulté, et par son avion de reconnaissance Moonbird.
We just rescued 47 people off a rubber boat in distress. Earlier, @alarm_phone as well as #Moonbird had informed the ship and the competent authorities about a possible case, after a search #SeaWatch 3 finally found them. Now all are safe and being taken care of. #united4medpic.twitter.com/S877dbpY78
— Sea-Watch International (@seawatch_intl) 19 janvier 2019
"On compte les morts". "Les naufrages sont de retour en Méditerranée, les canots repartent, on compte les morts", a déclaré le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini dans une vidéo postée sur Facebook. "C'est sans doute une coïncidence si le navire d'une ONG allemande tourne autour des côtes libyennes, et un hasard si les passeurs recommencent à faire partir des bateaux, des barques, des canots à moitié dégonflés", a ajouté l'homme fort du gouvernement italien, chef de file de l'extrême droite. Par ailleurs, un porte-parole du Croissant rouge a indiqué samedi à l'AFP que 16 corps "a priori" de migrants ont été retrouvés sur différentes plages de la ville libyenne de Syrte entre le 2 et le 15 janvier.