Après les tergiversations européennes sur l’Aquarius, l’UE tente d’adopter une position commune. Les 28 pays membres se réuniront la semaine prochaine à Bruxelles pour évoquer la question migratoire. Une idée, jusque-là défendue par les pays hostiles à l’accueil des migrants, commence à faire son chemin : la création de "plateformes régionales de débarquement".
A quoi ressembleraient les "plateformes régionales de débarquement" ?
A l’heure actuelle, lorsqu'ils sont secourus en Méditerranée, les migrants sont conduits vers des ports européens, où leur situations est étudiée. Le document de préparation du sommet européen de la semaine prochaine prévoit que les migrants secourus seraient désormais conduits vers des "plateformes" situées en dehors de l’UE.
Le texte est clair : ce ne sont pas des camps, donc pas question que les migrants y séjournent. Les demandes d’asile y seront étudiées et seuls ceux qui remplissent les conditions pourront entrer en Europe. Les migrants économiques seront donc bloqués à ce moment-là.
Où seraient-elles situées ?
La question n’est pas encore tranchée. L’objectif est de solliciter des pays du pourtour méditerranéen, comme par exemple l’Albanie ou la Tunisie. La Libye, un pays en proie à la guerre civile, est également évoquée.
Quels pays européens plaident pour cette création ?
Initialement, seuls les pays qui étaient les plus réfractaires à l’accueil de migrants, comme la Hongrie, l’Autriche, ou plus récemment l’Italie, plaidaient en faveur de la création de ces "plateformes régionales de débarquement". Les tergiversations européennes autour de l’Aquarius et la fragilisation de la chancelière allemande Angela Merkel ont fait bouger les choses des deux côtés du Rhin. "Toutes les initiatives concrètes qui permettent de préserver la vie de ces femmes et ces hommes et d’éviter un afflux de femmes et d’hommes qui n’ont aucune chance d’obtenir l’asile sont de bons mécanismes", a déclaré mardi Emmanuel Macron, qui souhaite que ces plateformes soient placées sous la supervision des Nations-Unies. "Je pense que c’est la réponse la plus efficace", poursuit-il.
Que répondent les associations ?
Pour les associations qui viennent en aide aux migrants, la création de ces plateformes ne règle nullement les problèmes. "C’est une forme d’externalisation des politiques migratoires vers des pays tiers", souligne au micro d’Europe 1 Marine de Haas, responsable des questions européennes à la Cimade. "Tant que des personnes ne pourront pas voir leurs demandes d’asile étudier équitablement et que la politique migratoire européenne ne changera pas rapidement, il y aura toujours des personnes qui prendront la route pour accéder au territoire européen", conclut-elle.