La disparition d'un artisan de la paix. Mikhaïl Gorbatchev a marqué le XXe siècle de son empreinte. Le dernier président de l'URSS est mort lundi soir à 91 ans. Il disparaît au moment où se réactive le clivage Est-Ouest, clin d'œil sombre de l'histoire, alors que la Russie de Vladimir Poutine cherche à mettre l'Ukraine au pas. Mikhaïl Gorbatchev, c'est avant tout deux mots : la perestroïka et la glasnost, la restructuration et la transparence. Deux réformes visant à transformer profondément l'Union soviétique et à la rapprocher des Occidentaux.
"Cette perestroïka, nous l'appelons révolutionnaire", disait alors Mikhaïl Gorbatchev. "Elle amènera des transformations profondes. Elle nous permettra d'atteindre des objectifs à long terme. C'est l'assurance d'une nouvelle dimension pour notre société." La glasnost, la politique de la transparence, libère ensuite la parole dans le pays.
Admiré par l'Occident, détesté des Russes
Ce sont les deux jambes d'une doctrine qui ne marchera pas. Après une ascension fulgurante, cet apparatchik, qui incarnait le renouveau en arrivant au pouvoir à l'âge de 54 ans, va vite être confronté à la désorganisation de l'économie et au mécontentement de l'opinion publique, engendrée par ces réformes.
Il aura été prix Nobel de la paix en 1990 pour son rôle dans la fin de la guerre froide. Mais ses concitoyens ne garderont de lui que le souvenir du 25 décembre 1991, lorsque Boris Eltsine le contraint à la démission. "Plus que quelques heures et il abandonnera ce mercredi le bouton du feu nucléaire à Boris Eltsine", racontait à l'époque la correspondante d'Europe 1, Valérie Meyer. "Car c'est la Russie qui hérite des prérogatives de la défunte Union, en accord avec les leaders des gouvernements de la CEI", la Communauté des États indépendants.
Quelques heures plus tard, l'URSS est dissoute. Pour cela, l'Occident admirera Mikhaïl Gorbatchev. Les Soviétiques le détesteront.