Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé lundi à "ne pas céder à l'émotion" après le regain de tensions entre Moscou et Kiev autour de la péninsule annexée de Crimée, tout en promettant des "mesures" pour y empêcher des "incursions". "Pour le moment, l'essentiel est de ne pas céder à l'émotion, de ne pas agir de manière extrême mais de stabiliser la situation avec retenue", a déclaré Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. Le chef de la diplomatie russe a néanmoins prévenu que Moscou prendrait "des mesures pour s'assurer que toute tentative d'incursion sur (son) territoire soit étouffée dans l’œuf".
La Russie affirme avoir déjoué des attentats ukrainiens. La Russie accuse l'Ukraine de vouloir déstabiliser la Crimée, annexée par Moscou en mars 2014 après un référendum de rattachement dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux, en y envoyant des groupes armés. Les services secrets russes (FSB) ont affirmé la semaine dernière avoir déjoué plusieurs attentats et arrêté des "saboteurs-terroristes" ukrainiens, à l'issue d'affrontements armés ayant fait deux morts, un agent du FSB et un militaire russe, selon Moscou.
L'Ukraine dénonce un prétexte à de nouvelles menaces militaires. Kiev, qui a placé ses troupes en état d'alerte le long de la ligne de démarcation avec la Crimée et dans l'Est séparatiste, rejette ces accusations et dénonce un "prétexte à de nouvelles menaces militaires" russes. Frank-Walter Steinmeier a pour sa part rappelé que l'Allemagne était inquiète par ce brusque regain de tensions, affirmant avoir discuté avec Sergueï Lavrov d'une possible nouvelle rencontre au "format Normandie" prévue pour début septembre entre les présidents russe, ukrainien, français et la chancelière allemande.
Ce format a été mis en place par Paris, Moscou, Berlin et Kiev pour trouver une solution à la question des régions rebelles de l'Est de l'Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine avait cependant jugé mercredi que dans les conditions actuelles, cette rencontre n'avait "aucun sens". MM. Lavrov et Steinmeier ont également évoqué la situation en Syrie, reconnaissant que la proposition russe de cessez-le-feu quotidien de trois heures à Alep n'était "pas suffisante". Sergueï Lavrov a toutefois affirmé que pour que cette "pause humanitaire" quotidienne soit prolongée, "il faut régler le problème de la lutte contre les terroristes". Moscou craint notamment que les rebelles n'utilisent cette fenêtre pour envoyer davantage de combattants au front.