L'Irak ne fait plus les gros titres des journaux, et pourtant la bataille de Mossoul fait toujours rage. Les djihadistes de Daech tiennent encore la partie ouest de la ville. Avec Mossoul qui est coupée en deux, ce sont des familles déchirées, qui sont souvent sans nouvelle de leurs proches.
Des nouvelles au compte-goutte. Le téléphone sonne, Karim attend cet appel depuis des semaines. Lui vit dans un quartier de l'Est de Mossoul, libéré depuis près d'un mois. À l'autre bout du fil, son beau-frère bloqué sur la rive ouest, toujours contrôlée par le groupe État islamique. Les djihadistes interdisent les portables alors Karim doit attendre que ses proches appellent en cachette pour avoir de leurs nouvelles :
"Tu ne peux pas traverser la rivière pour venir ici ?", demande Karim.
"Quoi ? Mais par où et comment ? Tu veux dire en bateau ? C'est impossible, on serait tout de suite ciblés par les avions ou les autres. Ils nous détruiraient."
"Mais Daech va vous laisser sortir ?"
"Non, il ne laissent personne sortir à cause des frappes aériennes."
Karim est en Irak, son beau-frère dans l'État islamique. Les interdictions de Daech règnent toujours sur cette partie de la ville, même s'ils ont perdu beaucoup de terrain depuis l'assaut des forces irakiennes. "Et ils sont encore beaucoup dans les rues ? "Non, plus tellement. Mais ne t'inquiète pas, ça va aller." Son beau-frère raccroche, il ne reste jamais plus de cinq minutes au téléphone. "C'est comme si nous étions à des années-lumières", soupire Karim, alors qu'en réalité trois kilomètres séparent les deux hommes.
"C'est un autre monde là-bas. Nous sommes en Irak et eux sont dans l'État islamique. Notre esprit est toujours avec eux. Même cet appel est effrayant, s'ils le surprennent au téléphone, il sera pendu ou décapité. Il attend que l'armée arrive pour en finir." Karim lui a expliqué comment se mettre à l'abri pendant la bataille. Désormais, dit-il, la rive ouest n'a plus qu'une chose à attendre, que les combats commencent.