Le secrétaire général d'Amnesty International a prévenu lundi qu'une intervention militaire américaine en réponse aux attaques contre l'Arabie saoudite ne ferait qu'aggraver "une situation déjà mauvaise" au Moyen-Orient. "Il est temps de stopper l'effusion de sang", a lancé Kumi Naidoo, à la tête depuis un an de l'organisation de défense des droits humains. "Parler d'une intervention militaire en ce moment ne ferait qu'aggraver une situation déjà mauvaise", a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis mettent en cause plus ou moins directement l'Iran pour les attaques de samedi contre des installations pétrolières saoudiennes, et menacent de riposter, y compris militairement. Kumi Naidoo a appelé à retenir les leçons de l'invasion américaine de l'Irak en 2003 sur la base d'accusations erronées de détention d'armes de destruction massive. Cela a "engendré la catastrophe actuelle, pas seulement en Irak mais aussi dans les pays voisins".
"Les bruits de bottes"
"Des dirigeants politiques peuvent choisir la guerre par opportunisme si ça peut les aider lors des élections", a-t-il estimé, sans viser les responsables américains en particulier. "Je ne fais pas de différence entre les pays. Je pense qu'il y a beaucoup trop de pays qui se plaisent à alimenter les bruits de bottes en ce moment." Plutôt que d'enflammer la poudrière du Moyen-Orient, le militant sud-africain des droits humains estime que la communauté internationale devrait au contraire redoubler d'efforts pour mettre fin à la guerre au Yémen, où une coalition militaire dirigée par Ryad soutient le gouvernement face aux rebelles Houthis appuyés par Téhéran.
"La violence atroce que les gens endurent, ainsi que les bombardements d'hôpitaux, la destruction d'infrastructures de distribution d'eau, et ainsi de suite, tout cela aurait tout simplement dû cesser grâce à un peu de volonté politique", a-t-il souligné. "Malheureusement, il semble que certains gouvernements, pour peu qu'ils soient alliés des Etats-Unis, comme l'Arabie saoudite, parviennent à passer à travers les mailles du filet malgré les accusations de meurtre", a-t-il déploré.
Donald Trump a réaffirmé son alliance stratégique avec Ryad malgré l'assassinat, en 2018, du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dont le Sénat américain a pourtant imputé la responsabilité au prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane. Le président américain a aussi confirmé le soutien aux Saoudiens dans la guerre au Yémen contre l'avis du Congrès.