"La trêve doit persister". C'est la conclusion encourageante de la réunion, mercredi à l’Elysée, des représentants des gouvernements français, allemand, russe et ukrainien, qui tentent de trouver une sortie de crise. Depuis des semaines, les Occidentaux accusent la Russie d’avoir rassemblé plus de 100.000 soldats à la frontière ukrainienne, et Moscou demande des garanties que son voisin ne rentrera pas dans l’OTAN.
Mais alors que la diplomatie est à l’œuvre, à Kiev, les habitants attendent, impuissants. Des centaines de portraits accompagnent les passants. Quelques bougies dans la neige. Un écran où défilent des images du front, de la terre retournée, des débris. Le regard de Karina, la vingtaine emmitouflée, se perd dans le bleu du mur. "Peut-être que ce mur sera prolongé… C’est effrayant ce qu’il se passe, la situation qui se dégrade si rapidement", souffle-t-elle.
"On a déjà perdu tellement de vies"
Ils sont peu nombreux à confier qu’ils ont peur. Youri répète qu’il vit une retraite paisible, qu’il ne croit pas à la possibilité d’une nouvelle guerre. Puis il se tourne vers les visages des soldats. "On a perdu déjà tellement de vies… Comment voulez-vous vous habituer à ça, à ce conflit ? C’est impossible. Le risque est présent tout le temps."
The first Ukrainian soldier to be killed by a Russian bullet in 2022: paratrooper Ihor Tychyna. He was shot by a sniper on Dec 27 & died from his injury on New Year's Day. He was just 20, meaning he'd have been ~13 when the ongoing war in the Donbas began. https://t.co/vuf0gzNiqKpic.twitter.com/IAwOP1bcgr
— Christopher Miller (@ChristopherJM) January 3, 2022
"J’ai le cœur brisé", soupire de son côté Aléna. Les larmes coulent silencieusement sur les joues de la jeune avocate qui ajoute. "Evidemment c’est encore plus dur de regarder ce mur en ce moment, nous sommes fatigués. On s’est tourné vers l’Europe, on a tenté de développer la démocratie, de combattre la corruption et jamais notre agresseur ne nous laisse tranquille. S’il le faut nous battrons jusqu’à la fin", assure-t-elle. Comme ceux, dont le sourire est figé dans le béton du mémorial.