Carrosse antique noir et doré tiré par six chevaux, pétales de roses largués par hélicoptère et orchestre jouant la musique du film "Le Parrain"… Pour l'enterrement, à Rome, du chef de clan mafieux Vittorio Casamonica ses proches n'ont pas fait dans la demi-mesure. Un faste qui n'a pas été du goût des autorités.
Kitsch et grandiose. "Vittorio Casamonica, roi de Rome", "tu as conquis Rome, maintenant, tu vas conquérir le paradis", proclamaient des affiches placardées à l'entrée de l'église dans l'est de la capitale italienne jeudi où ont eu lieu les funérailles du chef de clan mafieux mort à 65 ans d'un cancer. Vendredi, les journaux consacraient des pages entières aux détails de ces obsèques à la fois kitsch et pleines de défi.
Rose e Rolls-Royce per i funerali in stile padrino di Vittorio #Casamonica, boss del clan - http://t.co/CcB8befpxypic.twitter.com/ZkkmhDZqaN
— Agenzia ANSA (@Agenzia_Ansa) 20 Août 2015
Les politiques demandent des explications. Le ministre de l'Intérieur, Angelino Alfano, et le maire de Rome, Ignazio Marino, ont réclamé des comptes au préfet, qui a pour l'instant évoqué "une faille dans le système"."Il est intolérable que des funérailles soient l'instrument des vivants pour envoyer des messages mafieux", a insisté Ignazio Marino sur Twitter.
Qui était Vittorio Casamonica ? L'homme était considéré comme le chef du clan des Casamonica, d'origine sinti, présents essentiellement dans la périphérie sud de Rome et soupçonnés de fraudes, extorsions, trafic de drogue... Plusieurs fois arrêté, il n'avait cependant jamais été condamné.
Les Casamonica sont cités dans l'enquête sur le réseau mafieux infiltré dans la mairie de Rome, pour lequel la justice a annoncé mercredi que 59 personnes comparaîtraient dans un "maxi-procès" devant s'ouvrir le 5 novembre.
L'église préfère les mafieux aux euthanasiés. L'affaire passe d'autant plus mal qu'il s'agit de la même église où, en 2006, le curé de l'époque avait refusé des funérailles à Piergiorgio Welby, un homme souffrant de dystrophie musculaire et ayant obtenu, après un débat qui avait ébranlé l'Italie, qu'un anesthésiste débranche les machines le maintenant en vie. Cette fois-ci, le nouveau curé a assuré à la presse qu'il n'était pas au courant du passé du défunt ni du décorum prévu par ses proches.