Niger : soutien total de Paris à la Cédéao sur l'option militaire

  • Copié
Alexandre Chauveau avec AFP / Crédit photo : XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

La France a exprimé jeudi soir un soutien total à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui a validé l'option militaire pour mettre fin au coup d'Etat au Niger tout en ménageant une ultime chance d'issue pacifique à la crise.

Paris soutient "l'ensemble des conclusions adoptées à l'occasion du sommet extraordinaire " de la Cédéao à Abuja, y compris la décision d'activer le déploiement d'une "force en attente", a signifié le ministère français des Affaires étrangères. Au même moment, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken déclarait que son pays soutenait "le leadership et le travail" de l'organisation régionale pour permettre le retour à l'ordre constitutionnel au Niger , sans toutefois approuver explicitement la décision de déployer sa force.

 

Pour l'heure, la Cédéao espère encore une solution diplomatique, mais son message, relayé par le président ivoirien Alassane Ouattara, aux militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey est très clair : la menace d'intervention est plus que sérieuse et l'opération peut "démarrer dans les plus brefs délais".

Il faut essayer "jusqu'au bout" toute tentative de médiation, résume aussi un responsable occidental, tout en relevant que toutes les tentatives en la matière n'ont pour l'heure rien donné et que les auteurs du putsch restent intransigeants. Une intervention militaire pour libérer le président élu Mohamed Bazoum , sa femme et son fils, et le rétablir dans ses fonctions pourrait donc se concrétiser très prochainement.

Soutien militaire à la Cédéao ?

Paris a toujours estimé qu'une option militaire devait rester sur la table depuis le coup d'état survenu le 26 juillet. La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a martelé qu'il s'agissait du coup d'Etat "de trop" dans la région et fait valoir que le rétablissement de l'ordre constitutionnel était crucial pour ce pays et ses voisins aux prises avec les mouvements djihadistes et l'influence russe du groupe Wagner.

Le soutien des partenaires européens et américain pourrait-il aller jusqu'à un appui à une opération militaire ? Selon des responsables occidentaux, aucune demande de la Cédéao n'a été à ce stade formulée. Mais à Paris, on laisse entendre que toute demande serait étudiée de près. La France compte 1.500 militaires à Niamey, engagées dans la lutte anti-djihadiste sous commandement nigérien tandis que les Etats-Unis disposent d'une force d'un millier d'hommes.

Le président français Emmanuel Macron , en vacances au fort de Brégançon dans le sud de la France, a fait un point jeudi soir à l'issue du sommet de la Cédéao avec ses "ministres, ses équipes" et l'ambassadeur de France à Niamey, a indiqué l'Elysée. "Il continue également de s'entretenir avec ses partenaires européens et américains, ainsi qu'avec ses homologues de la Cédéao", a-t-on ajouté de même source.

Inquiétudes sur le sort du président renversé

L'inquiétude grandit aussi sur le sort du président Bazoum, maintenu isolé par les militaires dans des conditions de plus en plus critiques, sans eau courante, sans électricité et sans accès à un médecin, selon des sources concordantes. "Nous nous inquiétons pour lui, sa famille, sa sécurité et sa santé", a indiqué Antony Blinken. "Nous avons indiqué aux dirigeants militaires que nous les tiendrons responsables de sa sécurité et de sa santé", a-t-il martelé.

Le président Bazoum est pris en "otage", avec le risque qu'il ne devienne une cible des militaires en cas d'intervention armée de la Cédéao, souligne-t-on de sources occidentales. La France comme ses partenaires ne reconnaît pas le régime mis en place à Niamey par les militaires, y compris le gouvernement présenté jeudi et composé en partie de civils.