Cent cinq élèves d'un internat pour filles manquent toujours à l'appel après une attaque de Boko Haram à Dapchi, dans le nord-est du Nigeria, ont affirmé vendredi leurs parents.
"Ayant été trompés (...) par les autorités qui ont d'abord nié l'enlèvement, avant de nous faire croire que nos filles avaient été retrouvées, nous avons décidé de travailler ensemble pour leur libération", a expliqué Bashir Manzo, président de l'association tout juste créée par les parents sans nouvelles de leurs enfants depuis lundi soir.
105 noms ont été listés. "Une liste complète de toutes les filles disparues" a été établie, et "nous avons compilé 105 noms", a-t-il ajouté. "Le père de chacune des filles s'est présenté, et nous a donné son nom, le nom de sa fille, son âge, sa classe, sa ville natale et son numéro de téléphone", a précisé Bashir Manzo, dont la propre fille de 16 ans, Fatima, fait partie des élèves manquantes. Des centaines de jeunes filles de l'internat de Dapchi, dans l'État de Yobe, se sont enfuies lors de l'attaque de leur école. Des insurgés du groupe Boko Haram sont arrivés à la nuit tombée dans un convoi de véhicules pour enlever des élèves, selon les témoignages des résidents sur place.
276 lycéennes enlevées en 2014. Cette attaque rappelle l'enlèvement de 276 lycéennes à Chibok en avril 2014 qui avait donné à Boko Haram, dont le nom signifie "l'éducation occidentale est un péché", une tragique notoriété sur la scène internationale, entraînant une vague d'émotion mondiale sur les réseaux sociaux sous le mouvement de "bring back our girls". Plusieurs jours après les faits, les autorités ne s'accordent toujours pas sur le nombre de filles disparues ni ce qui leur est arrivé ensuite. Mais l'incident soulève de nombreuses interrogations sur les capacités de l'armée à sécuriser le nord-est du Nigeria, malgré les déclarations répétées du gouvernement se vantant d'avoir mis fin à l'insurrection.
L'État nigérian se dit "désolé". Boko Haram mène depuis 2009 une insurrection sanglante dans le nord-est du Nigeria. Ses attaques, et la répression par l'armée, ont fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés. "Le pays entier est aux côtés des familles", a déclaré vendredi le président Muhammadu Buhari dans un communiqué. "C'est une catastrophe nationale. Nous sommes désolés que cela ait pu se produire et nous partageons votre peine", a ajouté le chef de l'État élu en 2015, sur la promesse de mettre fin au conflit qui ravage le nord-est du pays. Il avait également promis de libérer "les filles de Chibok" durant son mandat, et près d'une centaine ont depuis été échangées contre des prisonniers et d'importantes sommes d'argent.