Cinq cents femmes et enfants ont été enlevés fin 2014 par le groupe islamiste Boko Haram à Damasak, dans le nord-est du Nigeria, mais les autorités ont ignoré les informations sur ce rapt massif, ont affirmé mercredi des habitants de cette ville.
Démenti par le chef de l'Etat. Ce kidnapping s'est produit le 24 novembre 2014, selon un fonctionnaire local, un chef local, un ancien et un habitant de Damasak. Le gouvernement nigérian, sous la présidence de Goodluck Jonathan, avait démenti en mars 2015 les informations sur cet enlèvement massif, ainsi qu'un sénateur local et une source sécuritaire. Mais les témoignages des habitants confirment la teneur d'un rapport de l'ONG Human Rights Watch publié mardi.
Enlevés dans les écoles. "Nous avons gardé le silence sur cet enlèvement par peur de provoquer la colère du gouvernement, qui était déjà aux prises avec l'embarras provoqué par l'enlèvement des écolières de Chibok" (en avril 2014), a affirmé un fonctionnaire local. A Damasak, les islamistes "sont allés dans les écoles privées et les écoles coraniques et ils ont enlevé même des enfants de cinq ans", a témoigné un chef local sous couvert d'anonymat. "Ils ont enlevé des enfants à leurs mères dans la ville. Mes seize neveux ont été enlevés, ils avaient entre cinq et seize ans", a-t-il déclaré, disant être retourné sur place pour inhumer "plus de 200 personnes dans des fosses communes". En fait, "trois cents enfants sont portés disparus depuis plus d'un an et le gouvernement nigérian n'a toujours pas réagi", dénonce HRW.
Un précédent qui avait ému le monde. L'enlèvement de 276 lycéennes en avril 2014 à Chibok, dans le nord-est du Nigeria (berceau du groupe islamiste Boko Haram, qui a rallié l'organisation de Etat islamique) avait provoqué une vague d'indignation internationale.