Il n'a plus joué depuis janvier 2017, mais Colin Kaepernick est le joueur de football américain à la fois le plus célébré et le plus détesté aux États-Unis pour avoir lancé un mouvement de boycott de l'hymne américain et, depuis lundi, pour être devenu le visage d'une publicité du géant Nike.
Son visage en gros plan est barré d'un slogan sans équivoque : "Croyez dans quelque chose. Même si cela signifie tout sacrifier". Le visuel, en noir et blanc qu'il a été le premier à diffuser sur son compte Twitter, a rapidement embrasé les réseaux sociaux. Comme souvent depuis que l'ancien quarterback de San Francisco est devenu en 2016 le visage de la révolte contre les violences policières visant les Noirs, la campagne de publicité de Nike a été applaudie par les uns, vitupérée par les autres qui ont promis de boycotter la marque ou/et ont déjà brûlé leurs vêtements et tennis portant la célèbre virgule.
Believe in something, even if it means sacrificing everything. #JustDoItpic.twitter.com/SRWkMIDdaO
— Colin Kaepernick (@Kaepernick7) 3 septembre 2018
Nike prend position. A trois jours du coup d'envoi de la saison 2018 de la Ligue nationale de football américain (NFL), Nike a frappé fort en termes de marketing. L'équipementier a surtout pris clairement - et c'est une première pour une entreprise de cette taille - partie sur une question qui divise le pays depuis près de deux ans et qui irrite au plus haut point Donald Trump.
Alors que Kaepernick est désormais un paria en NFL où aucune équipe ne l'a recruté depuis l'expiration de son contrat avec San Francisco en janvier 2017, Nike en a fait l'un de ses ambassadeurs aux côtés de la reine du tennis féminin Serena Williams et de la mégastar de la NBA LeBron James pour célébrer le 30e anniversaire de son emblématique slogan "Just do it".
Le géant américain est allé encore plus loin : il a prolongé son contrat de partenariat avec Kaepernick et s'est engagé à créer une basket à son nom, honneur suprême pour un sportif professionnel, tout en finançant sa fondation d'aide à l'enfance.
Dans le viseur de Donald Trump. La marque connue pour ses campagnes de publicité novatrices s'expose aussi au courroux de Donald Trump. S'il n'a pas encore envoyé l'un de ses tweets assassins, le président américain mène depuis l'automne dernier une bataille personnelle contre ces joueurs de football américain qui, inspiré par Kaepernick, posent un genou à terre ou lève un poing, tête baissée, durant l'hymne américain joué avant chaque match.
Pour Trump et une partie de l'opinion publique américaine, ces gestes sont antipatriotiques, une insulte aux militaires qui ont servi et trouvé la mort sous le drapeau américain. Pour eux, les protestataires sont de mauvais Américains et Trump avait demandé aux propriétaires d'équipes de les sanctionner, voire de les licencier.
Des Américains brûlent leurs baskets. En signe de protestation, des Américains ont publié des vidéos sur les réseaux sociaux dans lesquelles ils brûlent des chaussures ou des vêtements de la marque Nike.
Americans are burning their Nike sportswear after the company picked anti-America activist Colin Kaepernick to headline 'just do it' campaignpic.twitter.com/oTizn132lI
— Wired Sources (@WiredSources) 4 septembre 2018
Geste salutaire pour les uns, provocations pour d'autres : le geste de Kaepernick n'a pas fini de faire polémique.