Il y a 70 ans partait l'Exodus du port de Sète. Dans la nuit du 10 au 11 juillet 1947, plus de 4.600 Juifs rescapés de la Shoah embarquent sur ce navire à destination de la Palestine qu'ils voulaient atteindre pour fonder l'Etat d’Israël et contourner le blocus britannique. Notre reporter a rencontré le dernier survivant de cette traversée.
Tête-bêche sur des planches de bois. Pour ne pas alerter la marine anglaise, le Mossad affrète le navire pour une autre destination, la Colombie. mais une fois au large, l'Exodus, surchargé de la cale au pont, change de cap. A son bord Noah Klieger, 20 ans, est membre d'équipage. Il a vu les passagers s'entasser dans les soutes tête-bêche sur des planches de bois spécialement aménagées pour emporter le plus de monde possible. "C'était le plus moche des bateaux que j'ai vus de ma vie. C'était un bateau qui n'était même pas fait pour la mer. Il était fait pour les lacs et pour les fleuves. Mais ils avaient quand même transformé ça en un lieu où pouvaient dormir 4.600 personnes", décrit le rescapé.
Un choc pour l'opinion internationale. Les conditions étaient difficiles "mais ça ne nous dérangeait pas", dit-encore Noah Klieger. "On dansait, on chantait. Nous étions pour la plupart des rescapés des camps de la mort. Pour moi, c'était un paradis ce bateau." A l’approche des côtes de Palestine, la marine britannique donne la charge. Plusieurs éperonnages forcent l'Exodus à se dérouter vers Chypre. Noah Klieger parvient à s'échapper et à gagner le futur Etat d’Israël sur un canot. Les autres passagers sont renvoyés en Allemagne, une mesure qui choque l'opinion internationale, laissant penser que l'épopée du navire a beaucoup joué dans la création d'Israël par l'Organisation des nations unies.