Emmanuel Macron et son homologue iranien Hassan Rohani sont convenus mercredi lors d'un entretien téléphonique, de "poursuivre leur travail commun en direction de tous les États intéressés, en vue de la mise en oeuvre continue de l'accord nucléaire", a indiqué l'Elysée dans un communiqué, au lendemain du retrait fracassant des États-Unis. Leurs ministres des Affaires étrangères "se rencontreront pour engager sans délai des discussions dans cette perspective", ajoute la présidence française.
Rohani dit qu'il "fera tout pour rester dans l'accord". Hassan Rohani a dit en retour à Emmanuel Macron qu'il "fera tout pour rester dans l'accord" sur le nucléaire, mais a réclamé aux Européens des "garanties" très rapidement montrant que leurs entreprises continueront à travailler avec l'Iran, a ajouté l'Elysée. Lors de leur entretien téléphonique, les deux présidents ont convenu de mettre en place "sans délai" des "groupes de travail" entre Europe et Iran sur les moyens de présenter dans les semaines à venir "de premières garanties que lui même pourrait exposer au peuple iranien pour le convaincre de rester dans l'accord", et "pour continuer à mener des activités économiques en Iran", a précisé la présidence française.
Pétrole, banque, assurances. "Les ministres des Affaires étrangères et les experts de l'Iran et des pays de l'Union européenne doivent parvenir dans un délai court de quelques semaines à des décisions claires et transparentes sur la préservation de l'accord nucléaire", a déclaré Hassan Rohani lors de cet entretien, précise le site de la présidence iranienne. "Les intérêts de l'Iran en ce qui concerne la vente du pétrole, les relations bancaires, les investissements et les assurances doivent être (...) garantis", a-t-il ajouté. "Si, dans un laps de temps court, nous arrivons à une décision claire sur l'accord nucléaire, nous pourrons avoir une large interaction entre l'Iran et l'Union européenne", a-t-il estimé.
Des discutions "dures" avec Washington. Les ministres des Affaires étrangères des trois pays européens signataires, France, Allemagne et Royaume-Uni, se réuniront dès la semaine prochaine avec leur homologue iranien sur ces groupes de travail. Les Européens doivent donc maintenant obtenir de Washington que leurs entreprises échappent aux sanctions que les Etats-Unis rétabliront dans quelques semaines ou mois contre les entreprises américaines et étrangères qui commercent avec l'Iran. Paris prévoit donc des discussions "dures" avec Washington. La France compte faire valoir que les Etats-Unis risquent d'être isolés sur la scène internationale, ou que des entreprises russes ou chinoises pourraient profiter du marché iranien et affaiblir la portée des sanctions, tout en nuisant aux intérêts des entreprises européennes et américaines.
La France veut "accentuer le dialogue". Emmanuel Macron a aussi rappelé mercredi au président iranien son projet "d'engager une discussion large avec l'ensemble des parties concernées, prenant pour base l'accord nucléaire de 2015, pour parvenir à un cadre mutuellement bénéfique sur les sujets liés au développement du programme nucléaire de l'Iran après 2025, les activités balistiques et les principales crises au Moyen-Orient", indique également l'Elysée. La France veut "accentuer le dialogue avec les principaux partenaires concernés et d'abord avec l'Iran", avait précisé mercredi matin l'Élysée qui souhaite maintenir l'accord actuel, c'est-à-dire "le contrôle de l'activité nucléaire iranienne et les bénéfices que l'Iran peut retirer de ce contrôle accru".
Macron qualifie d'"erreur" la sortie des États-Unis. Emmanuel Macron a qualifié mercredi d'"erreur" la décision de son homologue américain Donald Trump de sortir son pays de l'accord sur le nucléaire iranien. "Je regrette la décision du président américain, je pense que c'est une erreur, c'est pourquoi nous Européens avons décidé de rester dans l'accord de 2015", a déclaré Emmanuel Macron dans une interview accordée à la télévision publique allemande, à l'occasion d'un déplacement en Allemagne. "Nous sommes à un moment historique pour l'Europe (qui) est en charge de garantir cet ordre multilatéral que nous avons créé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et qui est parfois aujourd'hui bousculé", a ajouté le chef de l'Etat.