Vendredi matin, Emmanuel Macron a proposé aux pays européens "un dialogue stratégique" sur "le rôle de la dissuasion nucléaire française" dans la sécurité de l'Europe. Sans préciser si le Royaume-Uni post-Brexit était concerné ou non par cette proposition.
Le président Emmanuel Macron a exhorté vendredi les Européens à développer une "plus grande capacité d'action" face aux désordres mondiaux, avec un moyen : en participant pleinement aux futures négociations sur le contrôle des armements et en s'associant à un "dialogue stratégique" sur le rôle de la dissuasion nucléaire française.
Discours très attendu
Les Européens ne peuvent pas "se cantonner à un rôle de spectateurs" face à la course aux armements nucléaires dont le Vieux continent risque d'être de nouveau le théâtre, a-il lancé lors d'un discours sur la stratégie de défense et la dissuasion françaises devant un parterre d'officiers français et d'attachés de défense, en présence des ministres Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères) et Florence Parly (Armées).
"La dernière décennie a vu les équilibres stratégiques, politiques, économiques, technologiques, énergétiques et militaires largement remis en cause et nous voyons aujourd'hui poindre à nouveau ce qui pourrait mettre à mal la paix acquise après tant de drames sur notre continent", a-t-il averti dans un tour d'horizon des bouleversements post-Guerre froide.
Ce discours très attendu - qui a duré une heure et quart - est un exercice imposé pour chaque président français, chef des armées et maître de la doctrine de dissuasion nucléaire, considérée par la France comme la clé de voûte de sa stratégie de défense et la garantie ultime de ses intérêts vitaux.
Arsenal "inférieur à 300" têtes
La France est le seul pays de l'Union européenne doté de l'arme atomique depuis la sortie du Royaume-Uni. Les forces nucléaires françaises "renforcent la sécurité de l'Europe par leur existence même et à cet égard ont une dimension authentiquement européenne", a-t-il souligné. "Les intérêts vitaux de la France ont désormais une dimension européenne", que la menace d'emploi du feu nucléaire vise précisément à défendre.
Sans aller jusqu'à proposer une dissuasion partagée - sujet très sensible sinon tabou - le chef de l'Etat a proposé aux partenaires européens qui le souhaitent de s'associer aux "exercices des forces françaises de dissuasion". Un responsable des conservateurs allemands d'Angela Merkel avait plaidé lundi pour que l'UE dispose à l'avenir de sa propre force de dissuasion nucléaire, suggérant une mise en commun de l'arsenal atomique français.
La France, qui prône une dissuasion "strictement suffisante", a "réduit la taille de son arsenal, aujourd'hui inférieur à 300 armes nucléaire", a précisé Emmanuel Macron, en vantant le "bilan exemplaire" du pays en matière de désarmement.