Obama à Cuba : comment s'était passée la dernière visite d'un président américain ?

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© YAMIL LAGE / AFP
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ARCHIVES - La dernière visite d'un président américain en exercice à Cuba remonte à... 1928. 

La visite ces jours-ci à Cuba du premier président noir des Etats-Unis, de 30 ans plus jeune que Raul Castro, a une une résonance particulière. Lors du rétablissement des relations diplomatiques à l'été 2015, Barack Obama rappelait, comme pour mieux souligner le caractère anachronique de la politique en place, qu'elles avaient été suspendues par Dwight Eisenhower en 1961, année de sa naissance. Mais pour trouver trace d'une dernière visite d'un président en exercice à Cuba, il faut remonter à... 1928. Le dernier et seul président américain en exercice à avoir visité Cuba est Calvin Coolidge. Comment s'était déroulée cette visite ? Plongée dans les archives. 

Un éprouvant trajet de... 22 heures.Comme le rappelle ABCNews, c'était alors une toute autre époque. S'il suffit aujourd'hui d'un simple vol à Obama pour se rendre à Cuba, Coolidge avait pris le train jusqu'à Key West en Floride avant d'embarquer à bord d'un navire pour effectuer le voyage de nuit vers Cuba. Un reporter du Saturday Evening Post, Beverly Smith Jr, relate d'ailleurs un voyage de 22 heures très éprouvant. A l'arrivée du président, "la foule était enthousiaste, envoyait des baisers et des fleurs au président", décrit Smith. "Coolidge, visiblement touché par cette inhabituelle chaleur humaine, s'est incliné, a souri et même ôté son chapeau en soie", raconte le reporter.  

In January 1928 Calvin and Grace visited Cuba! Here Grace walks on the arm of the Cuban President, Gerardo Machado. #GraceCoolidgeWeek

Posted by Calvin Coolidge Foundation on Friday, March 18, 2016

Des pirouettes pour esquiver un daïquiri. En 1928, la Prohibition est encore en vigueur aux Etats-Unis, et le reporter qui suit Coolidge en visite à Cuba prend un malin plaisir à surveiller si celui-ci va accepter ou non, les verres de rhum qu'il se verra proposer. Un serveur lui propose justement un daïquiri - mélange de rhum et de jus de citron fraîchement pressé et sucré -, mais le président, conscient d'être observé, trouve mille et une manœuvres pour esquiver ce verre : le serveur l'approche par sa droite, mais il s'absorbe aussitôt dans la contemplation d'un tableau à sa gauche. Le serveur insiste, le président pivote encore de 90 degrés et vante auprès du président cubain les beautés de la verdure tropicale. Machinalement, il achève sa rotation à 360 degrés, feignant de ne pas avoir vu le verre. "Un chef-d'oeuvre d'esquive", commente le reporter. 

Trente ans plus tard, Washington rompt les liens. En 1959, l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro et de ses "barbudos" après trois ans de guérilla contre la dictature de Fulgencio Batista ne suscite dans un premier temps que l'indifférence de Washington. Mais elle marquera le début d'une rupture totale entre les deux pays. Les castristes se mettent d'emblée les Américains à dos en lançant quelques mois plus tard une vaste campagne de nationalisation de biens américains. Rapidement, le président Dwight Eisenhower réagit en coupant les relations diplomatiques avec La Havane le 3 janvier 1961. Peu après, en avril, la débâcle d'une troupe anti-castriste soutenue par la CIA dans la Baie des Cochons contribua à envenimer davantage la situation.