Les Britanniques sont appelés aux urnes, jeudi, à partir de 8 heures, pour des législatives anticipées. Le Premier ministre sortant Boris Johnson est toujours favori avec 10 points d'avance dans les sondages, mais l'écart se resserre entre les deux grands partis, les conservateurs et les travaillistes emmenés par Jeremy Corbyn. Le scénario d'un Parlement britannique sans majorité est même envisageable, selon l'institut de sondage YouGov. Du côté des électeurs, c'est davantage la lassitude qui l'emporte avant cette élection cruciale pour le futur du Brexit, comme a pu le constater sur place Europe 1.
"N'écris pas au Père Noël, écris à Corbyn"
Depuis trois ans et la victoire du "Leave" en juin 2016, les électeurs se sont résignés à une forme d'inaction politique pour sortir de l'Union européenne, doublée d'un foisonnement de mensonges et de promesses intenables. "On ne peut pas dire qu'on ait le choix, et que les candidats soient bons", déplore une électrice de Wolverhampton, au cœur de l'Angleterre.
Ici, dans cette banlieue de Birmingham, on retrouve d'abord le rejet du Labour de Jeremy Corbyn par les seniors. "J'ai dit à ma petite-fille : n'écris pas au Père Noël, écris à Corbyn !", déclare un retraité effaré par les promesses de 83 milliards de dépenses annuelles supplémentaires avec le leader de gauche au pouvoir. "Parce qu'il veut dépenser plus que tout ce que le Père Noël pourra t'amener. Nationaliser l'eau, les chemins de fer, l'électricité… Je ne vois pas comment on va payer ça."
"Les politiques sont aux deux extrêmes"
Et les conservateurs n'ont pas vraiment meilleure presse, à commencer par le Premier ministre Boris Johnson, réputé pour ses mensonges. "Aujourd'hui, les politiques sont aux deux extrêmes", affirme Emma, notaire et indécise avant le vote de jeudi. "Donc si vous êtes plutôt modérée, comme moi, personne ne parle pour nous. Les hommes politiques ont toujours menti, mais si vous prenez Boris Johnson… Maintenant, ils sont tellement sûrs d'eux, qu'ils mentent ouvertement."
Le sondage YouGov laisse penser que les Tories sont parvenus à séduire les électeurs frustrés de ne pas avoir vu se réaliser leur vote en faveur du "Leave", au détriment du parti du Brexit, partisan d'une rupture nette avec l'Union européenne. De son côté, le Labour, favorable à un nouveau référendum laissant le choix entre un nouvel accord de Brexit et un maintien dans l'UE, semble avoir séduit des électeurs qui auraient pu se tourner vers le Parti libéral démocrate, qui promet de renoncer purement et simplement à la sortie.