Dimanche, la France et l'Allemagne se sont donné rendez-vous pour une cérémonie pleine de symbole à Verdun. A l'occasion du centenaire de cette effroyable bataille de la Première Guerre mondiale qui avait fait 750.000 morts, Angela Merkel et François Hollande célébreront l'amitié franco-allemande. Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, est revenu sur l'état des relations franco-allemandes, vendredi sur Europe 1.
Fin de la période "faste". Alors que la France et l'Allemagne représentent la moitié du capital de la Banque Centrale Européenne (BCE) et du PIB de la zone euro, Jean-Dominique Giuliani estime que "l'on n'est plus dans la période faste du couple franco-allemand". "Il y a le rituel, ça fonctionne, il y a des échanges exceptionnels entre la France et l'Allemagne. Mais le feu sacré n'est plus là parce que ni Angela Merkel, ni surtout François Hollande ne sont des affectifs en la matière", explique le président de la fondation Robert Schuman.
Des divergences politiques. Les liens entre la France et l'Allemagne ont également changé depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir. "François Hollande a introduit dans le couple franco-allemand quelque chose que l'on n'avait jamais eu : un critère partisan. Il préfère les socio-démocrates allemands à Angela Merkel", avance-t-il. Pour le spécialiste des relations franco-allemandes, le fait que le chef de l'Etat français se mêle de politique intérieur allemande, y compris durant la campagne électorale, a "créé un précédent, puisque jusqu'ici c'était surtout des couples qui fonctionnaient quelle que soit la couleur politique". "Là, on sent que les différences gênent un peu", détaille-t-il. "Cette politisation a fait beaucoup de tort".
"Décrochage économique". Alors que les Français parlent régulièrement de "couple franco-allemand", les Allemands en parlent "un peu moins". Pour Jean-Dominique Giuliani, cette différence s'explique par le "petit décrochage de la France sur le plan économique par rapport à l'Allemagne". La France n'est en effet plus la deuxième puissance économique de l'Union Européenne, "c'est désormais le Royaume-Uni qui nous est passé devant", explique-t-il. "Malgré cela ça fonctionne, on voit par exemple que dans les relations difficiles avec la Russie (...), ils (François Hollande et Angela Merkel) vont ensemble à Minsk", rappelle-t-il. "Mais il n'y a plus l’obsession d'avoir une partition commune", conclut Jean-Dominique Giuliani.