Nous sommes au septième jour de l'invasion Russe en Ukraine. Kiev tient toujours face à la pression russe, mais pour combien de temps encore ? Nos envoyés spéciaux sur le terrain constatent une tension toujours plus forte face au durcissement de l'offensive russe.
Le récit sur la ligne de front, à l'ouest
Notre journaliste Nicolas Tonev a quitté Jytomyr ce mercredi matin, cette ville garnison sous les bombes de l'armée russe. Il est allé sur la ligne de front au nord-ouest de la capitale. Son récit de la journée :
J'ai pu me rendre sur le dernier check point des soldats ukrainiens, qui ont dans leur dos, à environ un kilomètre et demi ou deux kilomètres, les premières unités russes, ou tchétchènes, ils ne savent pas très bien eux mêmes. On mesure, en rejoignant cet endroit, la férocité des combats. Les villages sont partiellement détruits le long des derniers 10 km qui mènent à l'endroit. Il y a des carcasses de blindés russes qui semblent signaler qu'ils allaient vers l'ouest, où les Ukrainiens ont réussi à regagner du terrain.
On entend aussi le bruit des tirs de lance roquettes multiples, des canons d'artillerie. Les soldats sont extrêmement tendues parce qu'ils redoutent, évidemment, même s'ils semblent tenir le terrain, l'aviation russe et les hélicoptères. Parce que le temps aujourd'hui permet le vol, la neige a cessé de tomber. Mais ce qu'on a vraiment de frappant comme ressenti, c'est la grande férocité des combats qui ont eu lieu sur place et qui ont eu toujours lieu en ce moment.
Ce mercredi soir, les Ukrainiens redoutaient de voir surgir une colonne de blindés russes. "Ils sont alentours", lui a confié un soldat, désignant un pont plus loin, à plus d'un kilomètre selon lui. On entendait les tirs réguliers d'artillerie. Des combats venaient à peine de s'achever, quelques mètres en amont sur la route, portant pour témoin des carcasses de blindés russes détruits et des maisons dans les villages alentours.
Impossible de rejoindre Kiev
J'ai essayé de rejoindre Kiev par la route du Sud, où apparemment des combats commençaient à prendre, et ce n'était plus possible dans l'immédiat. Je me suis dit que j'allais retenter par cette route ouest et rouler sur la ligne de front. Pour l'instant, franchement, je vais chercher une solution.
Le récit depuis Kiev
Dans la capitale ukrainienne, Kiev, se trouve François de Labarre, envoyé spécial de Paris-Match. Ces dernières heures, tout semblait indiquer un assaut imminent de l'armée russe. C'est palpable dans la ville également. Il nous livre, lui aussi, son récit.
Les habitants se préparent depuis longtemps à une arrivée des troupes russes. Aujourd'hui, ce qui inquiète le plus, c'est l'arrivée de cette colonne dont on a dit qu'elle mesurait 50 km 20 km, 10km. Tous les deux métrages ont été donnés. Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, elle se situe à peu près à 20 km de Kiev. On se rapproche de la menace imminente d'une attaque frontale ou d'un siège qui pourrait durer longtemps.
Ce matin, j'étais dans une station de métro où sont se cachent des personnes qui vivent à Kiev et qui craignent les bombardements. J'ai parlé avec un professeur d'université francophone qui était maître de conférences en Algérie et qui m'a raconté vivre à côté et passer toutes les nuits depuis sept jours dans le métro. Il m'a expliqué qu'il craignait que Poutine ait l'impression de faire à Kiev ce qu'il avait fait à Grozny. Il était présent lorsque la roquette est tombée sur la tour de la télé et il a vu deux de ses propres yeux souffler les deux immeubles qui étaient occupés autour de la tour de la télévision. La porte de son logement en a été ouverte.