La deuxième phase de l'opération militaire européenne, EuNavfor Med, rebaptisée Sophia et destinée à resserrer l'étau contre les passeurs en Méditerranée débute mercredi. L'Union européenne commence à arrêter les passeurs de migrants en haute mer. 2.000 hommes sont mobilisés, ainsi que d’importants moyens logistiques, dont un porte-avions italien, le Cavour. L'Italie étant en effet la nation qui commande les opérations.
Des indications pour arrêter les passeurs. La phase de renseignement a permis aux militaires européens de savoir où et comment intervenir dès mercredi. Généralement, les passeurs sont soit en escorte des migrants sur d'autres bateaux, soit dans les embarcations parmi les migrants. Et même dans ce cas précis, les militaires sont capables d'agir, comme l'explique le contre-amiral français Hervé Bléjean.
"Nous avons des moyens qui nous permettent d’observer discrètement les comportements. Ce qu’il se passe quand un navire de migrants quitte la côte. Nous avons un certain nombre d’indications qui nous permettent de penser que ces navires sont suspectés d’avoir à leur bord des présumés passeurs. C’est sur cette base-là que le commandant de la force décidera ou non de tenter une action d’interception. Donc de les arrêter avec nos bateaux bien équipés, et avec des moyens efficaces, tels que des hélicoptères et d’autres embarcations rapides", informe-t-il au micro d’Europe 1.
Six navires européens mobilisés. Au moins six bâtiments de guerre européens croisent déjà dans les eaux internationales au large de la Libye. Cette flotte comprend un porte-avions italien, le Cavour, la frégate française Courbet, deux navires allemands, un britannique et un espagnol. Au moins trois autres bâtiments, mis à disposition par les marines slovène, britannique et belge, sont attendus avant fin octobre pour compléter ce dispositif, qui comprend également quatre avions, et un total de 1.318 militaires.
Un champ d’action uniquement dans les eaux internationales. "Nous suivrons les passeurs, les trafiquants et nous voulons les arrêter et saisir leurs navires. C'est notre objectif, mais la phase 2 se fera uniquement dans les eaux internationales", a précisé Stefan Klatt, le commandant de la Werra, l’un des navires allemands. Encore faut-il donc que les trafiquants s'aventurent hors des eaux libyennes... Mais sur ce point, les Européens restent optimistes.
Ces dernières semaines, EuNavfor Med a ainsi identifié vingt bateaux "d'escorte" : 17 libyens et trois égyptiens. Sur le papier, le dispositif prévoit un peu plus d'une dizaine de zones rectangulaires de patrouille clairement délimitées au large de la Libye. Chacune a reçu un nom et toutes encerclent la côte libyenne : quatre se trouvent le long de la ligne des 12 milles marquant la fin des eaux libyennes, les autres sont plus au large.
Vers une intervention au sol ? Une fois arrêtés, ces passeurs seront remis à la justice. Sauf que les passeurs arrêtés en mer ne sont bien souvent que des exécutants. La lutte contre le trafic de migrants ne sera vraiment efficace qu'avec l'arrestation des cerveaux du trafic. Ce qui implique une intervention au sol avec des forces spéciales. Une démarche impossible sans autorisation libyenne ou une résolution de l'ONU.