La mère d'Oussama Ben Laden sort du silence. Alia Ghanem a accordé un entretien fleuve au Guardian au cours duquel elle a accepté d'évoquer le parcours de son fils aîné, rendu tristement célèbre pour avoir revendiqué la paternité des attentats du 11-Septembre.
"Des gens qui lui ont lavé le cerveau." De son "fils bien aimé", elle garde le souvenir d'un garçon timide et très bon à l'école qui "aimait beaucoup étudier". C'est d'ailleurs à l'université de Djeddah qu'il s'est radicalisé, d'après elle. "Les gens à l'université l'ont changé", lâche-t-elle, expliquant qu'il est alors "devenu un homme différent" : "C'était un très bon enfant jusqu'à ce qu'il rencontre des gens qui lui ont lavé le cerveau. On peut appeler cela une secte. (...) Je lui disais de se tenir à l'écart de ces gens et il ne me racontait jamais ce qu'il faisait parce qu'il m'aimait énormément."
"Je ne voulais pas que tout cela arrive." Alia Ghanem ne s'attendait pas du tout à ce que son fils suive ce parcours. "Ça ne m'a jamais traversé l'esprit", affirme-t-elle. Et en découvrant ce qu'il était devenu "nous étions extrêmement bouleversés", confie t-elle : "Je ne voulais pas que tout cela arrive. Pourquoi a-t-il tout gâché ?"
Une mère qui "est toujours dans le déni". Ahmad, l'un des demi-frères d'Oussama Ben Laden, a profité qu'Alia Ghanem s'absente un moment pendant l'entretien pour donner son point de vue et rappeler qu'une mère est rarement objective : "Ça fait 17 ans (depuis le 11 septembre 2001) et elle est toujours dans le déni à propos d'Oussama. Elle l'aimait tellement qu'elle refuse de le condamner. Pour elle, ce sont les gens autour qui sont responsables. Elle ne connaît que le bon côté. Elle n'a jamais réussi à voir le côté djihadiste."
Des jours de négociations avant l'interview. C'est à Djeddah en Arabie saoudite, où Alia Ghanem vit avec sa famille, que le journaliste du Guardian a pu réaliser son interview au début du mois de juin, en présence d'un "gardien" du gouvernement saoudien. Il a fallu plusieurs jours de négociations avant que cette rencontre ne puisse avoir lieu car la famille d'Oussama Ben Laden n'était pas certaine de l'intérêt de rouvrir de vieilles plaies. Ils se sont finalement décidés à prendre la parole publiquement pour la première fois depuis le 11 septembre 2001, sept ans après la mort d'Oussama Ben Laden en 2011.