Le Pakistan était sous le choc samedi au lendemain d'un sanglant attentat suicide qui a tué 128 personnes au Baloutchistan et qui a coïncidé avec l'arrestation de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif pour corruption, bousculant une campagne électorale déjà très tendue pour les élections législatives du 25 juillet. "Carnage à Mastung", titrait le quotidien Express Tribune en Une samedi. Un autre quotidien, The News, évoquait un "massacre".
Le pays en deuil. L'attentat, qui a fait par ailleurs quelque 150 blessés, visait un meeting politique de Mir Siraj Raisani, candidat à un siège de député provincial, et qui figure parmi les victimes. L'évacuation des morts et des blessés a dû se faire en grande partie dans l'obscurité faute d'électricité. Les proches des victimes de l'attentat, le plus meurtrier au Pakistan depuis l'attaque d'une école de Peshawar qui avait fait plus de 150 morts en décembre 2014, ont porté en terre samedi les victimes dans la ville de Mastung, dans le Sud-Ouest. Le pays observera dimanche une journée de deuil, a indiqué le Premier ministre pakistanais par intérim Nasirul Mulk, dont le gouvernement est chargé de préparer le scrutin du 25 juillet.
Saturday, July 14, 2018
— The Express Tribune (@etribune) 14 juillet 2018
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Arrestation de l'ancien Premier ministre. L'attentat, revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique, est le 3e à frapper une réunion électorale cette semaine au Pakistan. Au total, ces violences ont fait au moins 150 morts en l'espace de quatre jours, dont deux candidats aux élections. L'attentat de Mastung coïncide en outre avec l'arrestation de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif et de sa fille Maryam pour corruption à Lahore vendredi soir à l'issue d'un retour au pays hyper-médiatisé. Bien qu'il ne puisse pas se présenter au scrutin, sa condamnation à 10 ans de prison la semaine dernière et son incarcération alimentent elles aussi de vives tensions politiques dans le pays. Son clan les qualifie de "politiques" et Nawaz Sharif accuse la puissante armée pakistanaise de conspirer contre lui et d'interférer dans la vie politique, ce qu'elle dément.
L'armée critiquée pour son ingérence dans la politique. Ces événements font resurgir le spectre de l'instabilité et de la violence dans un pays où la situation sécuritaire s'était nettement améliorée ces dernières années et alors que la campagne électorale avait jusqu'ici été relativement épargnée par les violences. Suite aux attentats, des voix se sont élevées samedi pour rappeler les forces armées à leurs obligations. "Il n'a jamais été aussi vrai que l'establishment militaire pakistanais doit se concentrer sur la sécurité, pas sur la politique", a tweeté l'analyste Mosharraf Zaidi. Pour un autre analyste, Rahimullah Yusufzai, on assiste à une "nouvelle vague de terrorisme". "Cela a été très planifié", et même "coordonné entre différents groupes insurgés", estime-t-il.
Le porte-parole de l'armée, le général Asif Ghafoor, a pour sa part condamné l'attentat et assuré que "les tentatives de forces hostiles pour faire dérailler les importantes activités démocratiques ne réussiront pas".