Des trésors antiques réduits en poussière. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a dénoncé vendredi les nouvelles destructions de trésors archéologiques par les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) à Palmyre, "un crime de guerre et une immense perte pour le peuple syrien et l'humanité".
"Nettoyage culturel". Plus tôt dans la journée, des informations et des images satellitaires ont confirmé la destruction de plusieurs monuments dans la cité antique du centre de la Syrie, dont l'EI s'est à nouveau emparé en décembre après une première prise en mai 2015.
"Ce nouveau coup porté au patrimoine culturel, quelques heures après que l'Unesco ait été informée d'une exécution massive dans l'ancien théâtre de Palmyre, montre combien le nettoyage culturel conduit par des extrémistes vise à la fois les vies humaines et les monuments historiques, afin de priver le peuple syrien de son passé et de son avenir", a réagi Irina Bokova dans un communiqué. Elle a également rappelé que "la protection du patrimoine est indissociable de la protection des vies".
Daech chassé en mars 2016.Début décembre, l'EI avait créé la surprise en s'emparant de nouveau de Palmyre, cité vieille de plus de 2.000 ans, qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique, classée au patrimoine mondial de l'Humanité. Daech considérant les statues humaines ou animales comme de l'idolâtrie, d'énormes dommages ont été causés aux vestiges antiques du site. En mai 2015, ces pillages avaient déjà soulevé l'indignation de la communauté internationale. Le groupe djihadiste avait été chassé de la ville en mars 2016 par l'armée syrienne, appuyée par la Russie.
Vendredi, le directeur des Antiquités et musées syriens Maamoun Abdelkarim a déclaré que les djihadistes avaient notamment détruit le tétrapyle, un monument carré comportant quatre colonnes à chaque coin, érigé à l'époque de Dioclétien, à la fin du IIIe siècle, période durant laquelle la reine Zenobie atteint l'apogée de son pouvoir à Palmyre.
Exécutions publiques dans le théâtre romain. Le théâtre romain, qui compte neuf rangées de gradins, est daté du deuxième siècle de notre ère. Lors de sa première occupation de la ville, de mai 2015 à mars 2016, l'EI l'avait utilisé pour des exécutions publiques. "Dès le premier jour, je m'attendais à un terrible scénario (...). La bataille pour Palmyre est culturelle et pas politique. Je n'ai pas compris comment la communauté internationale et les acteurs du conflit syrien ont accepté que Palmyre tombe", a ajouté Maamoun Abdelkarim.