L'ex-leader du Parti conservateur britannique William Hague a jugé mardi probable une motion de défiance contre le Premier ministre Boris Johnson dans le mois à venir, les critiques s'intensifiant dans son camp sous l'effet du "partygate". La publication la semaine dernière d'un rapport administratif détaillant l'ampleur des violations aux règles anti-Covid à Downing Street ont relancé le scandale et, depuis, de nouveaux appels à la démission sont rendus publics chaque jour.
Plus de 54 députés conservateurs réclament son départ
Il faut 54 lettres de députés au "comité 1922" du parti pour déclencher un vote de défiance contre Boris Johnson. Un seuil atteint rapidement, comme annoncé par le président du comité du Parti conservateur. Le vote aura lieu à huit-clos entre 18h et 20h.
Si Boris Johnson est défait, une élection interne sera lancée pour désigner un nouveau leader du parti, qui deviendra Premier ministre, dans un contexte délicat de guerre en Ukraine et d'inflation au plus haut depuis 40 ans. En cas de victoire, il ne pourra pas être visé par une autre motion de défiance pendant un an, mais son autorité risque d'en sortir considérablement fragilisée.
Dans une lettre aux députés conservateurs, Boris Johnson a plaidé pour sa cause, soulignant que le vote offrait "une occasion en or de laisser (le scandale) derrière nous" : "Si nous pouvons nous montrer unis dans les jours à venir, alors nous pourrons gagner de nouveau et regagner la confiance des 14 millions d'électeurs qui ont voté pour nous".
Un rapport accablant
Le rapport rendu par Sue Gray, une haute fonctionnaire, constitue une plongée accablante dans les fêtes organisées à Downing Street pendant les confinements, synonymes de lourds sacrifices pour les Britanniques. Il détaille une série de pots très alcoolisés - jusqu'à en vomir - avec altercations, musique, départ par des portes dérobées au petit matin et irrespect pour les agents de sécurité ou d'entretien.
Boris Johnson veut "continuer" son travail coûte que coûte
Boris Johnson, lui-même visé par une amende - du jamais vu pour un Premier ministre en exercice -, a dit assumer "l'entière responsabilité de tout ce qui s'est passé" mais estimé qu'il est de son devoir de "continuer" son travail.
Le scandale a déjà fait chuter la popularité longtemps inoxydable de Boris Johnson, entraînant de lourds revers pour les conservateurs dans des élections locales début mai. Il s'est maintenu en mettant notamment en avant le contexte de la guerre en Ukraine, mais aussi faute de successeur évident.
Deux législatives partielles sont prévues le 23 juin, prochaine date susceptible de relancer la fronde contre le chef du gouvernement. S'il est défait par une motion de défiance, une élection interne aura lieu au sein du parti pour désigner un nouveau leader. S'il y survit, il ne pourra plus être délogé pendant un an.