Un mois après que les ONG de sauvetage ont été accusées par le gouvernement italien et le président Macron de faire le jeu des passeurs, l'Aquarius reprend la mer en Méditerranée. Il est vrai que la simple présence de ces bateaux dans la zone peut être utilisée par les réseaux crapuleux pour prendre en charge les migrants qu’ils envoient dans la zone. Mois après mois, les ONG sont donc de plus en plus contraintes de mettre en place des stratégies pour se sortir de ce piège.
Les passeurs "vendaient nos numéros". Dans son 'Refuge Solidaire' à Briançon, Philippe Wyon a connu un soudain pic d’appels l’hiver dernier. Des migrants en détresse dans les Alpes demandaient l’aide de son ONG. En creusant un peu, il découvre que les passeurs utilisent sa présence : "ils vendaient nos numéros de téléphone en gare de Turin entre 200 et 300 euros", explique-t-il à Europe 1. "Ils vendaient le refuge, aussi, en disant 'voilà, vous serez accueillis là'. On se retrouvait dans la boucle des passeurs, ce qui était quand même très gênant parce que nous, notre mission, c'est de porter secours à des gens qui sont en danger de mort, qu'on n'a jamais aidés à passer la frontière !", poursuit-il. Pour éviter de jouer le jeu des passeurs, il décide alors de ne plus répondre aux appels nocturnes et d’avertir les associations côté italien pour casser le jeu des passeurs.
"Est-ce que l'on doit, ou non, sauver ces personnes ?" Le même défi se pose aujourd’hui en Méditerranée. Des zodiaques tout justes bons à sortir des côtes libyennes pour appeler les secours ont en effet remplacé les bateaux qui pouvaient réussir la traversée. Problème, il est impossible pour les ONG de ne pas intervenir. "La seule question qu’il faut se poser, c’est : est-ce que l’on doit ou non sauver ces personnes ? Elles sont envoyées presque à la noyade. Et vouloir refouler ces personnes vers leurs oppresseurs, c’est extrêmement choquant", estime Christian Reboul, de l'ONG Médecins du monde.
Pour la première fois l’ONU a condamné au mois de juin six trafiquants de migrants en Libye… l’un d’entre eux était le chef d’une unité de garde-côtes.