Le président philippin Rodrigo Duterte a menacé de manger vivant les membres du groupe islamiste Abou Sayyaf responsables de l'enlèvement et de la décapitation de deux marins vietnamiens.
Deux otages exécutés. Les militaires ont découvert mercredi matin les dépouilles des deux otages sur l'île de Basilan, un des bastions de ce mouvement spécialisé dans les enlèvements crapuleux. Ils avaient été enlevés en novembre avec quatre de leurs compatriotes à bord d'un bateau au large de Mindanao. Un des six Vietnamiens a été secouru en juin et les trois autres demeurent en captivité.
"Donnez-moi du sel et du vinaigre et je le mangerai en face de vous". "Je mangerai votre foie si vous me le demandez. Donnez-moi du sel et du vinaigre et je le mangerai en face de vous", a déclaré mercredi soir Rodrigo Duterte dans un discours devant des responsables locaux. "Je mange tout. Je ne suis pas difficile. Je mange même ce qui ne peut pas être avalé", a poursuivi le sulfureux président connu pour ses outrances verbales.
Tenant un téléphone portable où apparaissait la photo des marins tués, l'ancien avocat a insulté leurs ravisseurs. "Nous laisserons-nous réduire à l'esclavage par ces gens ? Fils de pute !", a lancé l'ex-avocat de 72 ans, qui a ordonné l'année dernière une offensive contre Abou Sayyaf.
Entre Al Qaïda et l'État islamique. Ce groupe est une ramification extrémiste de l'insurrection séparatiste musulmane qui a fait plus de 120.000 morts depuis les années 1970 dans le sud de cet archipel à très grande majorité catholique. Il a été créé dans les années 1990 grâce aux financements d'un membre de la famille du leader d'Al-Qaïda Oussama ben Laden. Il s'est depuis scindé en plusieurs factions, dont une poursuit les activités crapuleuses d'enlèvements.
Une autre a prêté allégeance à l'organisation État islamique (EI) et certains de ses membres sont retranchés depuis six semaines dans des quartiers de Marawi, une ville musulmane de l'île de Mindanao. En dépit d'une campagne massive de bombardements aériens et de tirs d'artillerie, et de l'appui des forces américaines, l'armée, qui se bat pour chaque maison de la ville, n'est toujours pas parvenue à mater ce soulèvement qui a fait plus de 460 morts et près de 400.000 déplacés. L'armée estime qu'Abou Sayyaf retient actuellement 22 otages.