Philippines : les sanglants crucifiements du Vendredi Saint

L'Eglise catholique condamne ces pratiques. © NOEL CELIS / AFP
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avec AFP

Huit personnes ont été clouées sur des croix dans des villages au nord de Manille, des pratiques condamnées par l'Eglise. 

Certains fidèles se font crucifier, des pénitents se fouettent le dos jusqu'au sang : les Philippins ont célébré le Vendredi Saint avec les traditionnelles manifestations sanglantes qui illustrent la ferveur religieuse de l'archipel en grande partie catholique. Chaque année, des villages célèbrent deux jours avant Pâques le souvenir de l'un des moments les plus emblématiques de la Passion, au grand dam de l'Eglise, qui ne valide pas ces pratiques. Huit personnes ont été clouées sur des croix dans des villages au nord de Manille. Ces scènes attirent des milliers de fidèles et de touristes dans une atmosphère quasi carnavalesque qui est aussi du pain béni pour les affaires.

"Des clous de huit centimètres". Des clous de huit centimètres traversent les mains et les pieds des pénitents. Ces derniers ne passent toutefois que quelques minutes ainsi crucifiés, leur poids étant supporté par une petite marche fixée à la croix, avant d'être redescendus et de recevoir des soins. Parmi eux, Mary Jane Sazon, 39 ans, seule femme du lot, pour qui c'est le septième crucifiement. "C'est important pour moi de réaliser ma promesse, depuis que j'ai commencé à faire cela le Seigneur répond à mes prières", dit-elle. Un autre temps fort est la procession de pénitents torses nus, qui se flagellent le dos jusqu'au sang, devant des spectateurs qui font des selfies.

80 millions de catholiques philippins. Si la majeure partie des 80 millions de catholiques philippins passent la journée à l'église ou en famille, les dévots qui endurent ces crucifiements le font pour se faire pardonner leurs péchés ou témoigner de leur reconnaissance pour des interventions divines. L'Eglise philippine, elle, désapprouve ces pratiques en avançant que Jésus Christ a déjà vécu ces moments pour les hommes et qu'il n'y a aucune raison de les répéter. "L'Eglise n'encourage jamais l'autoflagellation et encore moins le crucifiement", déclare le père Roy Bellen, porte-parole de l'archidiocèse de Manille. Près de 80% des Philippins sont catholiques, héritage du règne colonial espagnol qui s'est achevé à la fin du XIXème siècle.