Des centaines de manifestations sont organisées ce week-end en Allemagne pour la journée du souvenir de la Shoah. Le chancelier Olaf Scholtz a martelé "plus jamais ça". Il s'est également réjoui de voir son pays "debout" contre l'extrême-droite, car "des millions de citoyennes et citoyens défilent dans la rue".
"Plus jamais ça", a martelé samedi le chancelier allemand pour la journée du souvenir de la Shoah , dans un contexte de forte mobilisation de ses concitoyens contre l'extrême droite. Au total des manifestations dans plus de 300 villages et villes sont prévus ce week-end dans le pays, selon l'alliance "ensemble contre l'extrême droite".
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À Kiel, ville du nord de l'Allemagne, 11.500 personnes, selon la police, 15.000, selon les organisateurs, se sont rassemblés sur la place de la mairie en fin de matinée. "La démocratie n'est pas pour les peureux !", "Carton rouge pour l'AfD (le parti d'extrême-droite allemand, l'Alternative pour l'Allemagne)", pouvait-on lire sur les panneaux, a indiqué à l'AFP Johannes Böcker, kinésithérapeute de 29 ans qui participait au rassemblement. "Pour moi, il était important de manifester pour commémorer les victimes du national-socialisme mais aussi pour protester contre la montée de l'extrême-droite", a-t-il dit.
À Düsseldorf (ouest), "plusieurs dizaines de milliers de personnes" se sont rassemblées, selon la police. Dans un podcast diffusé samedi, le chancelier Olaf Scholz a rappelé la responsabilité allemande pour le crime contre l'humanité qu'est la Shoah. Il s'est réjoui de voir son pays "debout", car "des millions de citoyennes et citoyens défilent dans la rue".
Contexte tendu
Depuis deux semaines, les Allemands se rassemblent partout dans le pays contre les tendances radicales de l'AfD. "Il y a trois fois plus de manifestations que la semaine passée, particulièrement dans l'Est de l'Allemagne", a écrit l'alliance citoyenne Campact, qui compte parmi les organisateurs du mouvement, dans un communiqué diffusé samedi matin. Dans cette région qui correspond à l'ancienne RDA, l'AfD obtient ses meilleurs résultats électoraux.
Il y a deux semaines, le social-démocrate Olaf Scholz est descendu dans la rue à Potsdam, ville voisine de Berlin où il demeure. Samedi, son ministre de la Défense, Boris Pistorius, compte manifester à Osnabrück (Nord-Ouest), où il est né.
La journée internationale du souvenir de l'Holocauste, qui correspond à la date de la libération du camp de la mort d'Auschwitz-Birkenau par les Soviétiques le 27 janvier 1945, est tous les ans l'occasion de commémorations. Mais cette année, son 79e anniversaire survient dans un contexte tendu après la révélation le 10 janvier par le média d'investigation allemand Correctiv d'une réunion d'extrémistes à Potsdam, où ils ont discuté en novembre dernier d'un projet d'expulsion massive de personnes étrangères ou d'origine étrangère.
Devant les députés du Bundestag, le 18 janvier dernier, la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser l'avait comparée à la conférence de Wannsee où les nazis planifièrent en 1942 l'extermination des Juifs européens. "'Plus jamais ça' exige la vigilance de tous. Notre démocratie n'est pas un don de Dieu, elle est faite par les hommes", a prévenu le chancelier. Et de conclure : "Plus jamais ça, c'est tous les jours".