Des centaines de civils ont trouvé refuge dans une mosquée de Bangassou, en Centrafrique, frappée par des attaques de miliciens chrétiens anti-balaka, qui ont tué 20 à 30 civils, ont annoncé dimanche des responsables de l'ONU et des travailleurs humanitaires. Des centaines de miliciens ont participé aux attaques sur la ville du sud-est du pays au cours du week-end, qui paraissaient dirigées contre la communauté musulmane, ont ajouté ces responsables. Un camp de l'ONU a également été visé, et des troupes supplémentaires ont été déployées à Bangassou en prévision de nouvelles attaques, après une semaine de violences qui a coûté la vie à six casques bleus.
Des enfants soldats. Les soldats sont parvenus à rétablir le calme sur une partie de la ville dans la soirée, a précisé Hervé Verhoosel, porte-parole de la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca). "La situation est extrêmement déplorable et nous faisons tout pour reprendre rapidement le contrôle de Bangassou", a déclaré le chef de la mission, Parfait Onanga-Anyanga, à Reuters. Interrogé sur le nombre de victimes civiles , il a dit "envisager des chiffres qui pourraient facilement atteindre 20 à 30" décès. Nombre de combattants sont des enfants soldats qui semblent sous l'emprise de drogues, a-t-il ajouté. Selon le président de la mission locale de la Croix rouge, Antoine Mbao Bogo, les fusillades continuaient dimanche, empêchant de porter secours aux blessés et de récupérer les corps des victimes.
Regain de violences. La région de Bangassou, frontalière de la République démocratique du Congo, avait jusqu'à présent été relativement épargnée par les violences dans lesquelles la Centrafrique s'est enfoncée en 2013. Mais la situation s'est brutalement dégradée cette semaine après l'attaque d'un convoi de l'ONU dans laquelle cinq casques bleus ont été tués. Selon les travailleurs humanitaires, les milices constituées sur fond de rivalités ethniques et religieuses ont tiré avantage du départ, au cours des derniers mois, des soldats français et ougandais qui étaient déployés dans la région à la fin de leur mission. Le Premier ministre centrafricain, Simplice Sarandji, a condamné ces attaques dans un communiqué dimanche et promis que leurs auteurs auraient à rendre des comptes devant la justice.