Elles étaient toutes vêtues de noir. Des milliers de personnes ont manifesté samedi devant le Parlement polonais contre une proposition de loi bannissant l'avortement dans ce pays gouverné par la droite conservatrice catholique et à la législation des plus restrictives d'Europe. La semaine dernière, la proposition d'initiative citoyenne déposée par le comité "Stop Avortement", interdisant l'IVG à une exception extrême près - lorsque la vie de la femme enceinte est en danger immédiat - a été admise aux travaux parlementaires par le vote d'une forte majorité des députés.
Grève des femmes lundi. Samedi, réunis sous le mot d'ordre "Finies, les blagues !", à l'appel d'un comité "Sauvons les femmes", les manifestants ont brandi des drapeaux noirs et des pancartes : "Stop aux fanatiques au pouvoir", "On a besoin de soins médicaux, non pas de ceux du Vatican" ou "On veut des médecins, non pas des policiers". Le comité a annoncé une collecte de signatures en faveur d'une initiative législative européenne assurant l'accès garanti à un avortement légal, à l'éducation sexuelle et à la contraception. Les défenseurs du droit à l'avortement ont lancé l'idée d'une "grève des femmes" lundi en Pologne, pendant laquelle les femmes sont appelées à s'absenter au travail, à se vêtir de noir où à participer à diverses manifestations à travers le pays.
Protest against bid proposal introducing a total ban on abortion & prenatal diagnosis in Poland #CzarnyProtest#blackprotestpic.twitter.com/ra4YhI0HJn
— Natalia Ojewska (@Natalia_Ojewska) 1 octobre 2016
Des sanctions à venir pour celles qui avortent. La version actuelle du projet prévoit une peine de prison pouvant atteindre cinq ans tant pour les médecins et autres personnes participant à l'IVG, que pour les patientes elles-mêmes, mais autorise le juge à renoncer à punir ces dernières. Les évêques polonais, qui appuient le principe général d'interdiction, se sont également prononcés contre une sanction pénale contre les femmes ayant subi l'IVG. La loi en vigueur aujourd'hui sur l'avortement en Pologne est déjà une des plus restrictives d'Europe. Elle autorise l'IVG dans trois cas : risque pour la vie ou la santé de la mère, examen prénatal indiquant une grave pathologie irréversible chez l'embryon et grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste.