Le Parlement polonais, qui s'apprêtait à adopter une réforme controversée de la Cour suprême, a interrompu ses travaux dans la nuit de mardi à mercredi après une violente diatribe du dirigeant conservateur Jaroslaw Kaczynski.
"Vous êtes des canailles !" Ce dernier a accusé les députés d'opposition d'avoir "détruit, assassiné", son frère jumeau, l'ancien président Lech Kaczynski, mort dans une catastrophe aérienne en 2010. Le chef du parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS) a été exaspéré par l'utilisation du nom de son frère par des députés d'opposition, à l'appui de leurs critiques contre le projet de réforme de la Cour suprême.
"N'essuyez pas vos gueules de traîtres avec le nom de mon frère de sainte mémoire ! Vous l'avez détruit, assassiné ! Vous êtes des canailles !", a-t-il lancé, avant d'adresser un "dégage !" sec, à une députée souhaitant lui répondre. Quelques minutes plus tard, dans une ambiance houleuse, le président de la chambre basse a annoncé l'interruption des travaux jusqu'à mercredi matin.
Une réforme controversée. Le Parlement, où le PiS est majoritaire dans les deux chambres, devrait adopter sans problème la nouvelle loi sur la Cour suprême. Ce texte fait partie d'une réforme controversée plus globale du système judiciaire, critiquée par l'opposition centriste et des membres de la société civile. Ceux-ci disent craindre l'affaiblissement de l'indépendance des tribunaux.
Le Conseil de l'Europe a fait part de son "inquiétude" à propos de cette proposition de loi, que l'opposition polonaise assimile à une "annonce de coup d'État", tandis que la Commission européenne devrait faire mercredi un "état des lieux" sur les réformes de la justice polonaise.
Une intervention du président.Des milliers de manifestants, chandelles à la main, ont créé dans différentes villes du pays, des "chaînes de lumière", appelant le président Andrzej Duda à opposer son veto à ces réformes. Le chef de l'État est intervenu mardi dans ce débat, en menaçant de censurer la réforme de la Cour suprême si le parti conservateur, dont lui-même est issu, refuse de modifier le nouveau statut, très critiqué, du Conseil national de la magistrature. Selon ses collaborateurs, il devrait obtenir gain de cause, ainsi que quelques modifications dans la loi sur la Cour suprême, renforçant ses propres compétences au détriment de celles du ministre de la Justice.