L'Ordre des médecins du Portugal, sous la pression de l'opinion publique, a suspendu un obstétricien, soupçonné de négligence pour n'avoir pas détecté les malformations d'un bébé. Sa naissance, sans visage, bouleverse le pays.
Un bébé sans nez et sans yeux
Le 7 octobre dernier, les parents de Rodrigo, un bébé né sans nez, sans yeux et à qui il manque une partie du crâne, découvrent les malformations de leur enfant lors de l'accouchement à l’hôpital Sao Bernardo à Setubal, à une quarantaine de kilomètres au sud de Lisbonne. Toujours hospitalisé, il est actuellement suivi dans le service de pédiatrie de ce même établissement.
C'est le docteur Artur Caravalho qui avait suivi la grossesse de la maman du petit Rodrigo dans une clinique privée à Setubal, où il a réalisé les trois échographies obligatoires sans déceler le moindre problème. Alerté une première fois sur une possible anomalie du fœtus au sixième mois de la grossesse, lors d'une échographie plus poussée réalisée à l'initiative des parents, l'obstétricien les rassure. "Il a expliqué que, parfois, certaines parties du visage ne sont pas visibles" lors des échographies, raconte Joana Simao, la sœur de la mère, à la chaîne de télévision TVI 24.
Visé par six autres plaintes
Mardi soir, le médecin a été suspendu pour six mois à l'unanimité par le conseil de discipline de l'Ordre des médecins. Ce spécialiste était déjà visé par six autres plaintes, la plus ancienne remontant à 2013. Mais après que cette naissance a fait la une des journaux, le conseil de discipline a décidé d'ouvrir une enquête. La justice en a fait de même, suite à une plainte déposée par les parents contre le médecin.
"Il y a de forts indices" de négligence de la part du docteur Artur Carvalho, a déclaré le président du conseil de l'Ordre des médecins pour la région sud, Alexandre Valentim Lourenço. Elles pourront "conduire à une sanction disciplinaire".
La télévision publique RTP explique que face à l'impact de cette affaire, qui "a des répercussions sur la réputation des médecins", et "pour rassurer les femmes enceintes", cette suspension était nécessaire. Elle permettra d'évaluer les plaintes, dont certaines "sont longues car très complexes".