Des experts mandatés par l'Organisation des Etats américains (OEA) ont affirmé mardi dans un rapport qu'ils disposaient d'éléments de preuves sur de possibles crimes contre l'humanité au Venezuela. "Il existe des motifs raisonnables de croire que des crimes contre l'humanité ont été commis au Venezuela depuis au moins le 12 février 2014", ont dit ces experts, selon un communiqué de l'OEA.
Soumettre les éléments à la CPI. Ces "experts internationaux indépendants", désignés par le secrétaire général de l'OEA Luis Almagro, très critique du président Nicolas Maduro, ont appelé à soumettre les éléments rassemblés à la Cour pénale internationale (CPI). Le secrétaire général devrait inviter les Etats signataires du Traité de Rome à "appeler à l'ouverture d'une enquête sur les crimes contre l'humanité présentés dans ce rapport", selon le texte. Le rapport, dont la première partie a été rédigée par le secrétariat général de l'OEA, inclut 26 récits de témoins qui se sont exprimés lors d'audiences publiques organisées en septembre, octobre et novembre 2017 ainsi que "des dizaines de témoignages de victimes, de familles de victimes et autres parties".
Meurtres et détentions arbitraires. Le rapport identifie notamment "131 victimes de meurtre pendant les manifestations de 2014 et 2017, où l'auteur a été identifié comme étant membre des forces de sécurité de l'Etat et/ou des colectivos" (groupes armés progouvernementaux, ndlr), et fait état de "8.292 exécutions extrajudiciaires enregistrées depuis 2015". Plus de 12.000 Vénézuéliens ont en outre été détenus ou emprisonnés "de manière arbitraire" depuis la présidentielle de 2013, selon le rapport.
Pas de missions sur le terrain. "Pas plus le panel (d'experts) que le secrétariat général de l'OEA n'ont eu la possibilité de mener des missions de terrain pour consulter les autorités nationales, les victimes, les organisations de la société civile ou d'autres parties". Le secrétaire général de l'OEA Luis Almagro avait convoqué en septembre ce panel d'experts pour déterminer si le Venezuela pouvait être passible d'accusations de crimes contre l'humanité devant la CPI.