Le monde économique est chaque jour plus inquiet, alors que le risque d'un Brexit sans accord se fait de plus en plus important. Et c'est particulièrement vrai pour les entreprises françaises installées en Grande-Bretagne, à l'image de celle de Christophe, patron d'une enseigne de produits alimentaires français pour qui la libre circulation est la base de son activité.
Alors que Theresa May retourne à Bruxelles jeudi pour renégocier le traité de retrait dans un climat de forte tension - accentué par les propos de Donald Tusk mercredi qui a déclaré qu'"une place en enfer" était réservée aux Brexiters - Christophe essaie d'anticiper comme il peut les conséquences économiques pour son entreprise. Chaque jour, sa marchandise quitte le Nord-Pas-de-Calais, direction cet entrepôt londonien, d'où elle est aussitôt livrée aux clients.
"Si vous remettez des frontières (...) notre raison d’exister s’évanouit d’elle même." "On a imaginé que le Nord-Pas-de-Calais était la banlieue de Londres. Si vous remettez des frontières entre le Nord-Pas-de-Calais et Londres, il n’est plus question de rapidité logistique, il n'est plus question d’instantanéité. Si tous ces produits-là ne peuvent pas être amenés en moins d’une semaine, notre raison d’exister s’évanouit d’elle-même", déplore-t-il sur Europe 1.
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Il a entamé les démarches administratives pour se préparer à un possible retour des contrôles aux frontières. Mais cela ne suffira pas à survivre à un Brexit dur. Si de nouveaux tarifs douaniers sont mis en place, il sera contraint d’augmenter ses prix.
"Aucune garantie" de rester compétitif en augmentant ses prix. "Est-ce qu'une PME sera toujours compétitive si ses prix de revente augmentent entre 20 et 30% ? Je le souhaite mais je n’ai aucune garantie aujourd’hui. Ce qui va en résulter, ça va être aussi brutal que le mur de Berlin qui tombe. En termes économiques, ça va secouer de la même manière", estime-t-il. Au total, 3.300 entreprises françaises employant 370.000 personnes sont implantées au Royaume-Uni.