Galvanisés par le référendum d'autodétermination de dimanche, suivi d'une grève générale et de manifestations de centaines de milliers de personnes, les dirigeants catalans menacent toujours de déclarer l'indépendance. Et cela pourrait arriver lundi, alors que le président de Catalogne et le roi d'Espagne s'opposent par médias interposés, ajoutant encore un peu plus de tension dans un dossier déjà brûlant. Les Catalans sécessionnistes réclament fermement l'indépendance, tout en se montrant ouvert à des négociations, quand le pouvoir espagnol est seulement prêt à ouvrir la porte à une éventuelle médiation sous conditions. Les deux parties - l'ambassadeur d’Espagne en France, Fernando Carderera et le délégué général du Gouvernement de Catalogne en France, Martí Anglada - ont continué leur dialogue de sourd jeudi matin au micro de Patrick Cohen, sur Europe 1. Morceaux choisis.
Pour la Catalogne, "c'est l'indépendance ou la négociation"
"Nous sommes pour la négociation". "Nous sommes ouverts à une négociation, toujours. Si l'on veut négocier, il y a tout sur la table", assure jeudi, Martí Anglada délégué général du Gouvernement de Catalogne. "C’est l'indépendance ou la négociation. C’est ça le dilemme. Et nous sommes pour la négociation. S’il n’y a pas de négociation, il y aura l'indépendance", complète-t-il. "Mais pour négocier avec Madrid, il faut quelqu’un qui l’aide à s’asseoir à la table. Nous sommes prêts à nous asseoir aujourd’hui, demain, toujours avant lundi. Mais ils ne sont pas prêts, ils ne veulent pas comprendre qu’il y a des millions de gens en Catalogne qui ont voté pour".
"Reconnaître la Catalogne comme un sujet politique". Le gouvernement séparatiste affirme que le "oui" à l'indépendance a obtenu les voix de "90%" des 2,26 millions de votants soit 42,3% de participation, au référendum. Un scrutin sans listes électorales, sans observateurs et qualifié d'anticonstitutionnel par la justice espagnole. "L’Espagne ce n'est pas la France. C’est un état plurinational et il y a une nation qui s’appelle Catalogne. En France, ça n’existe pas", ajoute-t-il. "La nation, c’est reconnaître la Catalogne comme un sujet politique. "
Pour l'Espagne, c'est "un coup d'État au ralenti"
"Détruire la démocratie en Espagne". Pour Madrid, le problème ne se pose pas en ces termes. Si Carlos Puigdemont veut parler ou négocier, ou envoyer des médiateurs, "il doit se remettre dans le chemin de la loi, qu'il n'aurait jamais dû quitter", a déclaré le gouvernement mercredi. Fernando Carderera, l'ambassadeur d’Espagne en France, invité également sur Europe 1, le confirme : "Carlos Puigdemont veut indépendance ou indépendance. Il ne reconnaît plus la pluralité de la société catalane. Ceux qui sont contre une indépendance, qui sont majoritaires, ont perdu leur voix. On est en train de faire un coup d'Etat au ralenti. Proclamer l'indépendance en Catalogne en Espagne revient à détruire la démocratie en Espagne" , assure-t-il ajoutant que Mariano Rajoy, le Premier ministre, "lui a suggéré de présenter ses propositions au parlement, il a refusé".
La très grande majorité des Catalans, 80% selon les sondages, souhaitent un référendum légal. Mais ils sont partagés sur la sécession : le dernier sondage des autorités catalanes, publié en juillet, montrait que les adversaires de l'indépendance étaient plus nombreux que ses partisans (49,4% contre 41,1%).