En Allemagne, la poussée de l’extrême-droite vient de franchir un nouveau cap. Pour la première fois, en Thuringe, dans le centre-est du pays, les élus locaux du parti conservateur d’Angela Merkel, la CDU, ont joint leurs voix à celles des élus de l’Afd, parti d’extrême-droite. Un séisme en politique symbolique : c’est dans cette région qu’en 1930, la première digue avait sauté face au nazisme. La droite modérée avait manœuvré pour faire barrage à la gauche afin d’accéder au pouvoir, soutenu par le NSDAP, parti d’Adolf Hitler.
L'AfD piège la CDU
Mercredi à Erfurt, le scénario s’est quelque peu répété, avec l’arrivée au pouvoir d’un inconnu : Thommas Kemmerich, membre du parti libéral FDP. Ce dernier avait recueilli seulement 5% des voix aux élections de cet automne. Au moment du scrutin pour désigner un président de région, l’extrême droite en a fait sa marionnette. Au troisième tour, alors qu’elle avait elle-même présenté un candidat, elle lui a accordé toutes ses voix prenant au piège la droite classique. La CDU s’est retrouvée de facto à voter de concert pour le même candidat, contre le candidat de gauche.
Les réactions sont unanimes pour dénoncer cette élection. Y compris de la direction fédérale de la CDU. "C'est une journée noire, une honte, un tabou qui vient de sauter" pouvait-on lire ou entendre dans le monde politique. Surtout dans une région où l’extrême droite est particulièrement radicale avec des élus ouvertement néonazis. Pour sortir de l'impasse, la droite d'Angela Merkel demande une nouvelle élection dans la région.
Une telle manœuvre ne sera pas sans conséquences. Elle a déjà provoqué un tollé au sein des différents partis politiques, y compris au sein du FDP où les réactions sont mitigées. La gauche du SPD (socialiste) se demande même s'il est encore possible de gouverner au niveau national pour une droite qui se compromet de la sorte.