Le ministère américain du Commerce a conclu que les voitures et les équipements automobiles importés menaçaient la sécurité nationale des États-Unis en affaiblissant leur industrie automobile, ont indiqué des sources concordantes, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles taxes douanières.
Un an après le début de la guerre commerciale. Cette conclusion d'une enquête menée par le ministère, révélée jeudi par deux sources automobiles européenne et américaine, risque d'intensifier les tensions avec l'Europe. Car elle tombe près d'un an après le début de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et ses partenaires, déclenchée par l'administration Trump au travers de taxes douanières supplémentaires sur l'acier et l'aluminium.
Le président Donald Trump a missionné ce ministère fin mai pour qu'il mène une enquête approfondie sur les importations de véhicules afin de "déterminer leur impact sur la sécurité nationale". En toile de fond, il agite la menace d'imposer des tarifs douaniers supplémentaires pouvant atteindre 25% sur les importations de voitures et d'équipements automobiles.
Le rapport remis à Trump d'ici dimanche. Les conclusions de l'enquête sont "positives" sur la question de savoir si les voitures importées sont une menace, a indiqué une source sous couvert d'anonymat, précisant que le rapport du ministère devrait être remis au président d'ici la date butoir de dimanche soir. Le milliardaire disposera alors de 90 jours pour prendre sa décision.
Pour imposer des droits de douanes supplémentaires en mars 2018, Donald Trump s'était servi de l'article 232, qui s'appuie sur des arguments liés à la défense nationale pour limiter l'importation de produits et de biens aux États-Unis. Après avoir exempté l'Union européenne et le Canada, la Maison Blanche avait finalement imposé en juin des taxes sur l'acier de ses alliés, suscitant leur indignation et leur incompréhension face à un argumentaire jugé irrecevable et "absurde".
Les constructeurs allemands particulièrement touchés en cas de nouvelles taxes. Si Donald Trump décidait d'imposer de nouveaux tarifs douaniers sur l'automobile, les constructeurs allemands seraient parmi les plus touchés. BMW dispose par exemple en Caroline du Sud de la plus grande usine de production de voitures au monde. En 2018, les groupes automobiles allemands ont exporté 470.000 voitures de l'Allemagne vers les Etats-Unis, selon la fédération des constructeurs VDA. Enfin, selon une étude du cabinet EY, des taxes douanières de 25% sur les voitures coûteraient 5 milliards d'euros aux constructeurs allemands.
L'UE menace de riposter. Le porte-parole de la Commission européenne Daniel Rosario a rappelé jeudi que Donald Trump et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'étaient mis d'accord fin juillet 2018 pour ne pas imposer de taxes douanières supplémentaires tant que les deux parties étaient en discussions. "L'UE riposterait si les Etats-Unis décidaient d'adopter une quelconque mesure", a-t-il dit. Bruxelles a d'ores et déjà préparé une liste de produits qui pourraient être taxés en représailles, à hauteur de 20 milliards d'euros.