La question d'une entrée de la Turquie dans l'Union européenne n'est toujours "pas à l'ordre du jour" malgré les discussions en cours visant à débloquer les négociations dans le cadre d'un pacte sur la crise migratoire, a prévenu mercredi Angela Merkel.
Une demande d'Ankara. Si ces négociations devaient être débloquées via l'ouverture de nouveaux chapitres dans les discussions, elles continueraient à être menées "avec une issue ouverte" et donc "l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne n'est absolument pas à l'ordre du jour", a déclaré la chancelière allemande devant les députés allemands. En échange de sa coopération avec les pays européens pour lutter contre les passages illégaux de réfugiés et migrants depuis son territoire vers la Grèce puis l'Europe du Nord, la Turquie demande que soient relancées ces négociations sur son adhésion à l'UE, bloquées par la question chypriote principalement.
Merkel ne veut pas céder. Ankara demande aussi à l'horizon fin juin la suppression pour ses ressortissants de l'obligation de visa pour circuler dans les pays de l'Union européenne. Sur ce point, Angela Merkel a aussi indiqué qu'elle ne ferait preuve d'aucune faiblesse. "L'aspect décisif est que les conditions à remplir par la Turquie en vue d'une libéralisation des visas ne changent pas", a dit la chancelière, alors que des discussions sur le sujet avec Ankara se déroulent déjà depuis longtemps. Il y a encore "beaucoup à faire" en vue d'un accord, "et nous allons nous assurer que les conditions prévues soient pleinement remplies", a-t-elle ajouté.
Des députés allemands inquiets. Ce point suscite aussi l'inquiétude parmi certains pays européens et au sein du propre camp politique conservateur de la chancelière, qui ne veut pas valider une ouverture des frontières aux ressortissants turcs sans garanties, au moment où le continent doit déjà faire face à une vague migratoire sans précédent depuis 1945. Le parti de la chancelière, la CDU, a essuyé un revers lors d'élections régionales dimanche, marquées par un vote sanction contre sa politique d'ouverture aux réfugiés et par une percée spectaculaire de la droite populiste anti-immigrés.