Hakki Akil, ambassadeur de Turquie en France, a démenti les accusations selon lesquelles son Etat a longtemps laissé les djihadistes franchir sa frontière avec la Syrie.
Deux jours après une nouvelle série d'attentats perpétrés par l’organisation Etat islamique contre la France, la question du rôle de la Turquie se pose à nouveau. Car Ankara a longtemps laissé les djihadistes aller et venir à travers sa frontière avec la Syrie et lorsque la Turquie a été à son tour la cible d'attentats, l'Etat a surtout visé les organisations militaires kurdes et de manière plus modérée les djihadistes affiliés à l'organisation Etat islamique. Des accusations qu'a tenu à démentir l'ambassadeur de Turquie en France, dimanche lors du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/I-Télé.
"La Turquie est un pays qui a beaucoup souffert du terrorisme et s’il y a un reproche qu’on ne peut pas faire à la Turquie, c’est de supporter le terrorisme. La Turquie n’a jamais essayé d’utiliser le terrorisme comme un moyen ou un atout diplomatique contre d’autres pays. (...) Ce qu’il faut retenir, c’est que la Turquie a aujourd’hui 2,3 millions de réfugiés syriens sur son sol", a martelé Hakki Akil.
"Nous avons toujours été engagés contre l’Etat islamique mais nous avons eu des différences de politiques avec les Etats-Unis et nos alliés. Nous avons toujours soutenu que les attaques aériennes étaient nécessaires, utiles mais n’étaient pas la solution. (...) Le problème, le bourbier, était à Damas et à Bagdad", a ajouté l'ambassadeur. Et ce dernier de préciser : "nous n’avons pas de priorité, nous combattons sur trois fronts : nous combattons Daech, nous combattons le PKK et le DHKPC, une organisation terroriste".
Le régime de Bachar al Assad "a la culture d’utiliser le terrorisme". Après avoir défendu son pays, l'ambassadeur a ensuite accusé le voisin syrien d'entretenir sciemment le terrorisme. "Il y a des pays qui ont la culture d’utiliser le terrorisme comme un moyen diplomatique pour mener une guerre asymétrique et ce fut le cas pas le passé. Daech est né à Damas. Tous les groupes palestiniens avaient dans les années 1970 et 1980 leur QG à Damas. Le PKK est né à Damas. Aujourd’hui, Bachar al Assad mène la même politique", a assuré Hakki Akil.
Les pays européens invités à prendre leurs resposnabilités. Pour l'ambassadeur, les accusations contre la Turquie et son laisser-faire vis-à-vis des djihadistes sont donc infondées. "La Turquie étant la sixième destination touristique mondiale avec 41 millions de touristes par an, on en pouvait pas savoir qui était djihadiste, qui était présumé djihadiste". "Les médias ont été injustes. Les gens n'ont jamais pensé comment ces gens-là (les djihadistes) pouvaient sortir de France, d'Allemagne, d'Angleterre plutôt que de se demander comment ils ont pu entrer en Turquie. Si les pays d'origine n'ont pas de fichiers sur ces gens-là et ne peuvent pas les empêcher de sortir, comment voulez que les autorités turques puissent les connaître et les empêcher de rentrer ?", a-t-il ajouté